A LA UNEMaroc

Aït Bouguemez : Quand le « Plateau Heureux » crie face à la marginalisation

Par Imane Alaoui – ALDAR

Au cœur du Haut Atlas, s’étend Aït Bouguemez, un plateau d’une beauté naturelle époustouflante, entouré de montagnes majestueuses et paré, au printemps, de champs verdoyants. Là-bas, les habitants tissent leur quotidien avec humilité et fierté, transformant la rudesse du climat en une école de volonté et de patience. Surnommé par ses amoureux « le Plateau Heureux », ce havre de paix dissimule pourtant une profonde souffrance : celle d’années de marginalisation et d’une absence criante de développement équitable.

À Aït Bouguemez, la prospérité ne se mesure ni au nombre de voitures ni à la présence de centres commerciaux. Elle se vit dans la sueur du front, le parfum de la terre cultivée, et un mode de vie simple fondé sur la dignité et le travail honnête. Les habitants, vivant principalement de l’agriculture traditionnelle et de l’élevage, évoluent en harmonie avec leur environnement, mais n’en ressentent pas moins une amère déception face à un développement qui les a longtemps ignorés.

Ceux qui ont côtoyé les gens de cette terre – enseignants, étudiants, professionnels – savent qu’il ne s’agit pas d’une communauté fermée sur elle-même, mais de femmes et d’hommes chaleureux, généreux et profondément ancrés dans leurs valeurs, toujours prêts à accueillir et à dialoguer avec respect.

Ainsi, lorsqu’ils choisissent d’organiser une manifestation pacifique ou une marche de protestation, ce n’est pas seulement pour revendiquer un besoin immédiat. C’est l’expression d’un désespoir accumulé, d’années d’attente sans réponse. C’est le cri d’un plateau oublié, une voix qui refuse de sombrer dans le silence, portée avec dignité et civisme.

Les revendications des habitants touchent des domaines fondamentaux : infrastructures délabrées, accès difficile aux soins de santé, situation précaire des établissements scolaires, et routes impraticables isolant la région en hiver et durant les pluies. Et ce, malgré le potentiel touristique, naturel et stratégique évident qu’offre cette zone.

Des rapports d’organismes nationaux, notamment du Conseil économique, social et environnemental, ont déjà mis en lumière la vulnérabilité des régions montagneuses du Maroc. Leur richesse culturelle et écologique contraste fortement avec le faible niveau d’investissements publics et l’injustice territoriale qui freinent leur développement humain. Aït Bouguemez, malheureusement, en est une illustration frappante.

Aujourd’hui, les visages patients du plateau marchent pour l’espoir. Non pas contre quelqu’un, mais pour que leurs voix parviennent aux décideurs. Pour qu’une nouvelle carte du développement national se dessine, plus juste et plus inclusive, respectueuse des droits des populations montagnardes à une vie digne sur leur propre sol.

Les responsables répondront-ils à l’appel ? Le « Plateau Heureux » sera-t-il enfin sauvé de la marginalisation qui menace son présent et l’avenir de ses enfants ? Seul le temps nous le dira.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page