
ALDAR/ Meryem Hafiani
L’ancien président sud-africain Jacob Zuma s’est rendu à Rabat, capitale du Maroc, où il a eu des entretiens de haut niveau avec le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita. Cette visite a suscité une large attention, non seulement en raison du poids symbolique de Zuma et de sa stature politique, mais aussi pour les transformations qu’elle pourrait annoncer dans les positions régionales concernant la question du Sahara marocain.
Un soutien explicite à la marocanité du Sahara
Dans des déclarations franches et fermes, Jacob Zuma a exprimé son plein soutien à l’initiative d’autonomie proposée par le Maroc comme seule solution réaliste au différend autour du Sahara. Il a souligné que cette proposition garantit la souveraineté et l’intégrité territoriale du Royaume, tout en représentant la voie idéale vers la paix et la stabilité dans la région. Selon lui, cette position découle d’une conviction profonde qu’il est temps de tourner la page des conflits artificiels qui ne servent en rien les intérêts des peuples africains.
Un message adressé à l’intérieur sud-africain
Zuma ne s’est pas contenté d’un soutien verbal. Il a affirmé sa volonté de s’engager à corriger, depuis l’Afrique du Sud, les orientations idéologiques obsolètes qui ont marqué la politique officielle vis-à-vis du Maroc. Il a qualifié ces positions d’anachroniques, déconnectées des réalités géopolitiques actuelles du continent. Ce faisant, il ouvre un débat dans son pays sur la nature et la pertinence des alliances régionales actuelles.
Un rappel à la mémoire historique commune
Dans un geste hautement symbolique, Zuma a rappelé le rôle historique joué par le Maroc dans le soutien aux mouvements de libération africains, et en particulier la relation maroco-sud-africaine. Il a évoqué l’entraînement de Nelson Mandela en 1962 dans la ville marocaine d’Oujda, un épisode encore gravé dans la mémoire de la lutte africaine contre le colonialisme et l’apartheid. Cette référence vise à réaffirmer que le Maroc a toujours été un acteur engagé dans les causes de libération et d’unité africaine.
L’Algérie en difficulté diplomatique
Selon plusieurs observateurs, la portée la plus marquante de la visite de Zuma est qu’elle constitue un revers cinglant pour l’Algérie, qui s’est longtemps appuyée sur ses relations avec l’Afrique du Sud pour promouvoir sa position séparatiste. L’alliance traditionnelle entre Alger et Pretoria sur cette question est aujourd’hui confrontée à un défi sans précédent, d’autant plus que la position de Zuma pourrait influencer une partie de la classe politique sud-africaine à revoir des alliances fondées davantage sur des considérations idéologiques que sur une réelle vision stratégique.
Un tournant stratégique en vue ?
Bien que Jacob Zuma n’occupe plus de fonction officielle au sein de l’État, son influence politique reste considérable. Il dirige actuellement le parti uMkhonto we Sizwe (MK), qu’il a récemment fondé, ce qui confère un poids réel à ses propos dans les cercles politiques sud-africains. Si cette dynamique venait à s’amplifier, on pourrait alors assister à un véritable changement stratégique dans la position d’un pays clé de l’Union africaine, ce qui bouleverserait les calculs d’Alger, longtemps assurée du soutien constant de Pretoria.
la visite de Jacob Zuma au Maroc dépasse le cadre protocolaire. Elle constitue un signal fort de l’érosion du front africain pro-séparatiste et renforce l’élan de l’initiative marocaine d’autonomie sur les scènes continentale et internationale.