
ALDAR/ Meryem Hafiani
Dans une déclaration qui reflète l’importance que Pékin accorde à Rabat, le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a affirmé sans détour :
« Le Maroc a été l’un des premiers pays arabes et africains à établir des relations diplomatiques avec la République populaire de Chine, et nous sommes prêts à renforcer la coopération et à ouvrir de nouvelles perspectives de partenariat entre nos deux pays. »
Par ces mots directs, le responsable chinois situe les relations bilatérales dans leur véritable cadre : une relation fondée sur la confiance et un précédent historique, qui s’oriente aujourd’hui vers une nouvelle étape plus profonde et plus réaliste. Rabat n’a jamais été pour la Chine un simple partenaire de passage, mais un pont essentiel vers l’Afrique et le monde arabe, tandis que le Royaume voit en Pékin une puissance montante dont la coopération est devenue incontournable à l’ère des grandes mutations.
Soixante ans de relations n’ont pas seulement été consignés dans des documents diplomatiques : ils se sont traduits en chiffres concrets. La Chine figure désormais parmi les principaux partenaires économiques du Maroc, et les échanges commerciaux entre les deux parties ont connu une progression remarquable, en particulier dans les secteurs de la technologie, des infrastructures et des énergies renouvelables. Les projets chinois sont désormais visibles sur le sol marocain, des ports aux zones industrielles, jusqu’aux investissements dans les transports modernes.
Ce qui confère à cette relation une dimension encore plus profonde, c’est la convergence des ambitions : d’une part, le Maroc, qui renforce sa position de porte d’entrée vers le continent africain et de plateforme solide pour les grands investissements ; d’autre part, la Chine, qui cherche à élargir son influence économique et diplomatique à travers l’initiative « la Ceinture et la Route ». Il s’agit d’une équation complémentaire qui offre aux deux parties des bénéfices stratégiques réciproques.
Les observateurs n’excluent pas que ce rapprochement devienne également un levier politique, car il pourrait amener Pékin à appuyer la position du Maroc dans ses dossiers cruciaux, au premier rang desquels la question du Sahara, en contrepartie de la stabilité et de l’ouverture que le Royaume met en avant, faisant de lui un partenaire fiable dans une région marquée par de fortes turbulences.
Dans ce sens, la déclaration du ministre chinois des Affaires étrangères n’est pas une simple formule de courtoisie diplomatique, mais bien un message clair : les relations maroco-chinoises entrent dans une nouvelle phase, plus audacieuse et plus globale, destinée à devenir un modèle de partenariat stratégique authentique, fondé sur les intérêts communs et une vision à long terme.