Le gouvernement colombien a annoncé, vendredi, la modification d’un décret présidentiel sur le droit de manifester et qui énoncera désormais que les barrages routiers, qu’ils soient temporaires ou permanents, ne constituent pas une forme de manifestation pacifique et peuvent ainsi faire l’objet d’un « recours légitime à la force ».
Le ministre colombien de l’Intérieur, Daniel Palacios, a affirmé que le décret 003/2021 sera modifié, de manière à « élargir la définition d’une manifestation pacifique ».
Désormais, les protestations qui « promeuvent l’utilisation de moyens pour obstruer temporairement ou définitivement des routes ou des infrastructures, (…) et celles qui sont convoquées à des fins illégitimes, de violence ou de stigmatisation, ne constituent pas des manifestations pacifiques ».
Le ministre a également souligné que « l’usage légitime de la force répond aux principes de nécessité, de légalité, de proportionnalité et de différenciation pour neutraliser les dommages graves qui affectent l’ordre public et la coexistence, tout en mettant en danger la vie et l’intégrité des personnes, ainsi que les biens publics et privés ».
Le 28 avril, des manifestations massives contre la politique sociale et économique du gouvernement ont éclaté dans plusieurs villes du pays, suite auxquelles des organisations nationales et internationales ont dénoncé un « usage abusif » de la force par la police.
Ces manifestations ont fait, selon les organisations de défense des droits de l’homme, quelque 74 morts, dont au moins 20 par balles tirées par la police. Le Bureau du procureur de Colombie fait état de 20 morts liés aux manifestations.
Au fil des jours, des groupes de jeunes ont bloqué des routes à des points stratégiques, ce qui a provoqué dans certaines villes une pénurie de produits de base et de médicaments et a affecté l’économie et les entreprises.