
ALDAR / Meryem Hafiani
Les accidents mortels en Algérie ne sont plus de simples faits divers, mais le reflet d’une réalité tragique qui s’aggrave de jour en jour. À l’oued El-Harrach, dans la capitale, le renversement d’un bus délabré a coûté la vie à au moins 18 personnes, ravivant de profondes blessures liées à l’état du transport public et des infrastructures, et relançant le débat sur les priorités d’un régime qui préfère dilapider les richesses nationales sur des dossiers extérieurs plutôt que de traiter les crises internes.
Le bus, devenu un piège mortel, n’était qu’un parmi des dizaines de véhicules vétustes qui continuent de circuler depuis des décennies, sans normes de sécurité ni contrôle technique. Les habitants affirment que la catastrophe était prévisible : le bus était dans un état lamentable, les routes dégradées et impraticables, transformant le quotidien en une tragédie annoncée qui a fini par éclater brutalement.
Des experts estiment que ce drame est la conséquence directe d’une politique officielle qui choisit de fermer les yeux sur les besoins essentiels des citoyens. Comme l’explique un spécialiste du transport : « Ce qui s’est passé à l’oued El-Harrach n’est pas un simple accident de la route, mais le fruit d’années de négligence et d’absence d’investissement dans les infrastructures. Les bus qui transportent des vies humaines chaque jour n’obéissent à aucune norme moderne, comme si la vie des gens n’avait aucune valeur. »
Paradoxalement, le régime algérien ne rechigne pas à dépenser des milliards de dollars pour soutenir le Front Polisario, financer des initiatives diplomatiques ou acheter des appuis africains dans un dossier qui a perdu de son élan depuis longtemps. Pendant que ces sommes colossales s’évaporent hors des frontières, l’intérieur du pays s’enfonce dans la crise : routes dégradées, hôpitaux en ruine, système éducatif en souffrance et une jeunesse privée du minimum d’espoir.
Selon plusieurs analystes, le drame de l’oued El-Harrach n’est pas un cas isolé, mais un maillon d’une longue chaîne de défaillances qui illustrent l’obsession du pouvoir pour des aventures extérieures au détriment des priorités nationales. Comme le souligne un observateur : « C’est le citoyen qui paie le prix de son sang, de sa santé et de sa dignité, tandis que les richesses du pays sont dilapidées dans des paris perdus d’avance. »
La tragédie a laissé une profonde cicatrice dans la société algérienne, mais elle a aussi remis en lumière la question centrale : jusqu’à quand les Algériens devront-ils sacrifier leur vie pour des politiques menées dans une logique de fuite en avant ?