A LA UNEMONDE

Le général Sir Simon Mayall écrit dans The Telegraph : Le ministre des Affaires étrangères a raison de reconnaître le plan d’autonomie marocain comme seule solution pour la paix au Sahara occidental

Par Sir Simon Mayall*

Alors que le monde reste, à juste titre, focalisé sur les événements en cours en Ukraine et à Gaza, la récente visite du ministre britannique des Affaires étrangères au Maroc marque une initiative diplomatique longtemps négligée par la communauté internationale depuis près d’un demi-siècle : la question du Sahara occidental. Ce territoire, administré par le Maroc depuis 1975, fait l’objet d’un différend persistant avec le Front Polisario, soutenu par l’Algérie, parfois de manière violente au fil des décennies.

WhatsApp Image 2025 06 03 at 12.52.29 WhatsApp Image 2025 06 03 at 12.52.29 1

Cette initiative diplomatique britannique revêt une importance particulière dans le contexte de la nouvelle Revue stratégique intégrée de la défense et de la sécurité nationale, ainsi qu’au regard de l’objectif déclaré du gouvernement britannique de renforcer la sécurité nationale par la croissance économique.

Ce vaste territoire couvre plus de 100 000 miles carrés et compte environ 565 000 habitants — soit une population équivalente à celle de Leeds — dispersés sur une région plus grande que le Royaume-Uni. La majorité des habitants vivent à Laâyoune, la capitale administrative, et à Dakhla, qui devient le port à conteneurs à la croissance la plus rapide de la côte atlantique Est. Le Maroc a investi massivement et de manière innovante dans cette région, créant des dizaines de milliers d’emplois, avec d’importantes promesses de développement futur. Toutefois, le plein potentiel économique de la région reste entravé par un conflit régional gelé, qui a également contribué à la détérioration de la situation humanitaire dans les camps de réfugiés de Tindouf, en Algérie.

Dans le cadre d’un accord de partenariat global et prometteur signé cette semaine entre Londres et Rabat, le Royaume-Uni a reconnu, pour la première fois, le plan marocain d’autonomie comme la base la plus crédible, réaliste et pragmatique en vue d’une paix durable au Sahara occidental. Présenté pour la première fois aux Nations Unies en 2007, ce plan constitue la seule solution viable et durable pour mettre fin à ce conflit. Il propose la création d’une région autonome sous souveraineté marocaine, dans laquelle le Maroc conserverait les compétences en matière de défense et de relations extérieures, tandis que les autorités locales exerceraient leurs pouvoirs dans les domaines de la justice, de la fiscalité, des infrastructures, du développement économique, des affaires culturelles et de l’environnement.

En adoptant les principes fondamentaux du plan d’autonomie, la diplomatie britannique rejoint enfin la position des principaux alliés occidentaux tels que la France, l’Espagne et les États-Unis. Ce réalignement est de nature à modifier la dynamique au sein du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale des Nations Unies, et à ouvrir la voie à une solution définitive et durable au conflit. Une telle solution est non seulement dans l’intérêt des populations du Sahara occidental, mais représente aussi, de loin, la meilleure chance de prospérité et de développement économique et humain pour cette région — et pour l’Afrique dans son ensemble.

Le soutien du Royaume-Uni au plan d’autonomie marocain, accompagné d’un vaste ensemble d’initiatives culturelles et économiques mutuellement bénéfiques, s’inscrit parfaitement dans ce que le ministre des Affaires étrangères britannique décrit comme une approche diplomatique de « réalisme progressiste ». Cette orientation montre que le Foreign Office comprend désormais que les dynamiques politiques en Afrique sont en pleine mutation, et que le Royaume-Uni a besoin d’une vision claire de qui sont ses véritables amis, de quels pays sont des partenaires fiables, et de ceux qui offrent un véritable potentiel de coopération et de solutions aux défis du continent.

Dans ce cadre, le Maroc s’est révélé être un rempart contre le terrorisme, l’extrémisme, la criminalité organisée, la migration irrégulière, ainsi que contre les activités déstabilisatrices menées par des agents de la Russie et de l’Iran en Afrique subsaharienne. Le plan d’autonomie offre aussi des perspectives économiques prometteuses et d’importantes opportunités. Sécurité, stabilité et prospérité sont les clés pour résoudre les crises humanitaires dans les camps de réfugiés, réduire l’attrait des discours extrémistes, freiner les flux migratoires et restaurer l’espoir. Ceux qui s’opposent à cette voie, en s’accrochant au statu quo, défendent souvent des intérêts particuliers sans rien offrir aux populations locales.

Soutenir la stabilité au Sahara occidental n’est pas seulement une décision politique et diplomatique juste ; le soutien au Maroc et à ses ambitions régionales peut aussi ouvrir des opportunités économiques considérables aux entreprises britanniques. Le partenariat Royaume-Uni–Maroc comprend actuellement une facilité de financement de 5 milliards de livres sterling fournie par UK Export Finance, qui contribuera à accélérer la croissance économique régionale.

Le commerce avec le Maroc est une réussite discrète pour le Royaume-Uni : les échanges commerciaux ont presque doublé depuis 2018, atteignant plus de 4,2 milliards de livres sterling en 2024. Le Maroc joue un rôle clé dans l’approvisionnement des marchés britanniques en produits agricoles tout au long de l’année, sans nuire aux agriculteurs ou pêcheurs britanniques. Les tomates, les sardines et les fruits rouges figurent parmi les principales importations.

L’ambition du Royaume-Uni de devenir une superpuissance dans les énergies propres peut être grandement soutenue par l’accès aux projets solaires, éoliens et d’hydrogène vert du Maroc, dans le cadre de ce nouveau partenariat. Les entreprises britanniques peuvent également contribuer significativement au système de santé marocain grâce aux technologies numériques, aux équipements médicaux et aux médicaments, tout en bénéficiant de nouveaux mécanismes de protection contre la contrefaçon de marques britanniques.

J’espère que les opportunités de coopération dans le domaine de la défense ont également été abordées lors de ces discussions — non seulement en matière de ventes et de formations militaires, mais aussi dans la perspective d’un renforcement de la coopération dans l’Atlantique Est face aux nouveaux défis sécuritaires maritimes.

Le Royaume-Uni et le Maroc partagent des liens vieux de plus de 800 ans. Le premier ambassadeur marocain est arrivé à Londres en l’an 1600, sous le règne de la reine Élisabeth Ière, et le premier traité commercial entre les deux pays a été signé il y a plus de 300 ans. Nous entrons maintenant dans une nouvelle ère, où nous affrontons ensemble les défis et saisissons les opportunités.

L’année dernière, le ministre britannique des Affaires étrangères a évoqué une « remise à zéro » des relations entre le Royaume-Uni et l’Afrique, ainsi qu’un partenariat stratégique avec le continent fondé sur le « réalisme progressiste ». Le partenariat renouvelé entre le Royaume-Uni et le Maroc — mettant la sécurité, la stabilité et la prospérité au cœur de ses priorités — prouve que ces mots n’étaient pas de simples slogans.

*Le général Sir Simon Mayall est un officier à la retraite de l’armée britannique et ancien conseiller pour le Moyen-Orient auprès du ministère de la Défense.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page