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ZLECAf: Le plus dur reste à venir !

Après plus de deux semaines de son entrée en vigueur, la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) pose de véritables challenges à nombre de pays du continent: Adapter les procédures douanières à l’Accord dans cette zone et mettre en place des infrastructures adéquates.

La libéralisation des échanges dans le cadre de cette zone, qui offre une réelle opportunité pour booster la croissance, réduire la pauvreté et faciliter l’intégration de l’Afrique dans les chaînes logistiques mondiales, ne profitera pas, à court terme, à tous les pays.

D’ailleurs, c’est ce qu’a expliqué Omar Hniche, Vice-Président de l’Université Mohammed V de Rabat, chargé des Affaires académiques et estudiantines. « La plupart de ces pays ne sont pas encore prêts et préparés à relever ce défi et à même d’appliquer les termes de la ZLECAf et beaucoup d’entre eux ne disposent pas des procédures douanières nécessaires et des infrastructures adéquates pour faciliter le libre-échange ».

Il faudrait mettre à niveau les réglementations internes des pays africains en conformité avec les nouvelles exigences de la ZLECAf, a préconisé M. Hniche, notant que « certes, il y aura des gains globaux à long terme, mais il y aura aussi des dommages à court terme surtout pour les industries les plus exposées ».

Il a, parallèlement, relevé qu’avec le lancement de cette zone, l’Afrique peut espérer récupérer les revenus perdus (estimés à 80 milliards de dollars) suite à la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19, ainsi que réaliser une meilleure résilience face aux crises économiques.

Et d’ajouter: « Le continent, dont la population est de 1,2 milliard d’habitants soit 16,7% de la population du globe, ne participe qu’à raison de 2,1% au volume du commerce mondial. Il est donc question de renforcer l’intégration du continent africain, d’améliorer le niveau de croissance des économies africaines, de promouvoir la compétitivité des entreprises africaines et d’élever le niveau des échanges commerciaux entre les pays africains ».

Commerce intra-africain: La ZLECAf ne sera pas un long fleuve tranquille

Même son de cloche chez Larabi Jaidi, Senior Fellow au Policy Center for the New South (PCNS), qui a souligné que tous les pays ne vont pas bénéficier à parts égales du surplus du commerce créé par la libéralisation des échanges.

« Si à long terme on considère que tous les pays seront gagnants, à court terme il y aura des perdants pour lesquels il faut prévoir des mécanismes de compensation », a-t-il noté, ajoutant que la pleine mise en œuvre permettrait une augmentation du PIB de la plupart des pays africains de 1% à 3%, une fois tous les droits de douane supprimés.

L’entrée en vigueur de la ZLECAf devrait également booster le commerce intra-africain. L’essor du commerce intracontinental aura un double avantage: attirer les investissements directs étrangers (IDE) et créer des débouchés qui favoriseront l’industrialisation par l’accroissement des chaînes de valeur régionale, a fait savoir M. Jaidi.

Le Maroc, bénéficiaire à court et long termes

Dans cette configuration globale, le Maroc est considéré comme un pays bénéficiaire de la dynamique à court et long termes, a estimé l’économiste, indiquant que le chiffrage de ces gains diffère d’une étude à l’autre selon les hypothèses retenues.

Et de soutenir que « l’économie marocaine dispose comparativement à la plupart des pays africains d’une offre exportable relativement diversifiée. Elle est une économie ouverte, rompue plus que d’autres aux règles et normes du commerce mondial des produits manufacturés ».

A ce jour, les exportations marocaines vers l’Afrique sont très concentrées sur quelques produits et quelques pays de proximité. Elles représentent une faible part de nos échanges internationaux. Il ne faudrait pas s’attendre à un saut qualitatif de cette part dans l’immédiat.

L’identification et le ciblage des marchés, une question majeure

Par ailleurs, M. Jaidi a fait remarquer que plusieurs secteurs peuvent être identifiés comme des secteurs porteurs, dont l’agroalimentaire, la pêche, les engrais, les produits pharmaceutiques, la plasturgie, les matériaux de construction, l’automobile, la chimie et parachimie…etc.

Mais au-delà de l’identification des secteurs et de la hiérarchisation de leur potentiel, il y a ce qui relève des questions d’accès spécifiques à chaque secteur et ce qui a trait aux volets transversaux communs à tous les secteurs, a-t-il poursuivi, notant qu’il s’agit de les prendre en charge pour assurer les conditions nécessaires à une pénétration pérenne dans les marchés du continent.

La Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), l’Association marocaine des exportateurs (ASMEX), ainsi que les Chambres de Commerce et d’Industrie travaillent avec les différents départements ministériels (Agriculture, Finance, Transport, Energie et Mines, etc), outre les organes de régulation (Banque centrale, ACAPS, etc) pour permettre la pleine exploitation des opportunités commerciales et d’investissement pour les entreprises marocaines.

« La question du ciblage ne concerne pas que les secteurs et produits, elle concerne aussi les marchés. Aujourd’hui, les opérateurs ciblent principalement les pays avec lesquels le Maroc entretient des relations historiques notamment les pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) », a expliqué M. Jaidi.

Cap sur l’Afrique australe et de l’Est

Mais progressivement, les opérateurs n’excluent pas le ciblage des pays de l’Afrique australe ou de la Corne de l’Afrique bien qu’ils y aient les contraintes de l’éloignement géographique, a indiqué l’économiste.

« Le Maroc est faiblement présent en Afrique de l’Est et en Afrique australe, où des pays comme l’Égypte ou l’Afrique du Sud occupent des positions sur des produits concurrents. Les freins qui entravent cette diversification des marchés sont les difficultés transverses à tous les secteurs comme la logistique, les coûts de transports, les garanties bancaires, la solvabilité des pays africains, la compétitivité prix, l’adaptation de l’offre, l’accréditation et la reconnaissance, la réglementation locale et celle liées aux échanges commerciaux, ainsi que la concurrence internationale », a-t-il précisé.

« La Zone de libre-échange va permettre d’ouvrir de nouveaux marchés. Pour autant, les marchés africains sont difficile d’accès, au regard des spécificités de chacun. La connaissance du marché ciblé, de sa culture, de ses spécificités, de ses normes… est très importante », a fait valoir M. Jaidi.

Il a, dans ce sens, mis l’accent sur la nécessité de sécuriser ses transactions à travers tous les outils qu’offre l’assurance risques à l’export et de s’inscrire dans une logique de partenariats pour mieux saisir et pérenniser les opportunités.

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