
ALDAR / Ghita Hafiani
Plusieurs sources médiatiques nigériennes et régionales fiables ont révélé que le Royaume du Maroc, à travers son service de renseignement extérieur (Direction Générale des Études et de la Documentation – DGED), a entamé depuis septembre 2023 une série de négociations secrètes avec le Conseil militaire au pouvoir à Niamey, dans le but d’obtenir la libération de l’ancien président Mohamed Bazoum et d’éviter toute escalade régionale.
Selon les rapports, cette médiation a débuté dans la plus grande discrétion, sous la supervision directe du roi Mohammed VI. Deux missions confidentielles ont été dépêchées dans la capitale nigérienne. Lors de ces rencontres, Rabat aurait proposé un plan prévoyant le transfert immédiat de Bazoum au Maroc comme lieu d’exil volontaire, en échange d’un engagement à respecter certaines conditions — telles que le silence politique, l’abstention de toute critique et le refus de participer à des actions visant à déstabiliser le Niger.
Cette initiative s’inscrit dans un cadre diplomatique plus large, illustrant l’ambition du Maroc de renforcer son rôle de médiateur régional majeur dans la zone sahélienne. Le royaume entend capitaliser sur ses liens sécuritaires et économiques de longue date avec l’Afrique de l’Ouest, tout en affirmant sa présence en dehors des rivalités traditionnelles d’influence dans la région.
Cette démarche intervient alors que l’influence de la France décline progressivement dans la région, offrant au Maroc un espace d’action plus large en tant que médiateur neutre — un atout majeur, puisque le royaume n’est pas membre de la CEDEAO, ce qui a joué en sa faveur dans la gestion de cette crise.
L’initiative marocaine s’appuie également sur des précédents crédibles : la médiation de Rabat avait déjà permis la libération de quatre officiers français détenus au Burkina Faso, renforçant ainsi sa réputation auprès des partenaires régionaux et internationaux.
À ce jour, Niamey n’a pas annoncé officiellement d’accord, et les négociations semblent ne pas avoir encore atteint leur aboutissement, le Conseil militaire restant méfiant à l’égard des engagements politiques de Bazoum. Toutefois, son transfert éventuel au Maroc lui offrirait une forme de liberté, tout en permettant au Conseil militaire de sauver la face sur le plan politique.