Reporters sans frontières (RSF) a alerté en urgence l’Organisation des Nations unies après l’incarcération en Algérie du journaliste et patron de presse, Ihsane El Kadi.
En réponse à l’incarcération du directeur des médias Radio M et Maghreb Émergent le 29 décembre 2022, RSF a alerté l’ONU sur « l’acharnement judiciaire » subi par le journaliste depuis trois ans, dénonçant cette “ultime tentative de réduire au silence les derniers médias indépendants en Algérie”, indique l’organisation dans un plaidoyer publié ce mercredi sur son site Internet.
“Par courrier daté du mardi 3 janvier 2022, RSF a saisi en urgence la rapporteuse spéciale de l’ONU sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression – Irene Khan – de la détention d’Ihsane El Kadi”, ajoute Reporters sans frontières.
Dans cette communication officielle, l’organisation souligne que l’arrestation du journaliste, le 24 décembre, est intervenue quelques jours seulement après la publication d’articles critiques envers les autorités.
Cette chronologie accrédite une “motivation politique” derrière son arrestation et une “volonté claire de museler les médias indépendants offrant une tribune aux défenseurs de la liberté d’expression”, ajoute-t-elle.
“Nous demandons à la Rapporteuse spéciale des Nations unies d’appeler d’urgence les autorités au respect de leurs obligations internationales et constitutionnelles. Les Nations unies doivent exiger la libération immédiate d’Ihsane El Kadi et l’abandon pur et simple de poursuites fallacieuses qui ne visent qu’à le réduire au silence’’, a déclaré Antoine Bernard, directeur du plaidoyer et de l’assistance de RSF
Début décembre 2022, RSF appelait déjà les autorités algériennes à mettre un terme au harcèlement judiciaire visant le journaliste, rappelle l’organisation.
Condamnation à 6 mois de prison en juin 2022, multiple reports de son procès en appel ou encore convocations répétées au mois de novembre… Avec son arrestation, c’est “une nouvelle intensification des intimidations dont fait l’objet le journaliste, en violation de la Constitution algérienne qui consacre pourtant la liberté d’opinion”, relève-t-on.
Due à une constante augmentation des menaces, des intimidations et du harcèlement judiciaire des journalistes, l’Algérie se classe à la 134e place au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2022, conclut-on.
Aldar : LA MAP