La pénurie des semi-conducteurs, l’une des répercussions économiques les plus sévères de la crise liée au nouveau coronavirus (Covid-19), continue de s’aggraver à même de constituer un obstacle de taille pour un retour à la normalité de la production mondiale de l’industrie automobile.
Cette rareté historique de ces petits matériaux, qui interpelle plus que jamais sur l’importance de la relocalisation de cette production concentrée en grande partie en Asie (Taïwan, Corée du Sud et Japon, …) afin de pouvoir mieux gérer d’éventuelles crises, se veut dévastatrice pour les constructeurs automobiles.
La majorité d’entre eux a, en effet, dû mettre à l’arrêt certaines lignes de la production ou encore retarder le dévoilement de nouveaux modèles.
D’ailleurs, les prévisions, qui ne cessent de s’actualiser pour prendre en compte le lourd impact du manque en semi-conducteurs, laissent présager une chute de la production automobile et par conséquent, de pertes colossales en termes de chiffre d’affaires et d’emploi.
Et c’est ce qu’a affirmé le cabinet AlixPartners qui prévoit que la production de 3,9 millions de véhicules sera perdue en 2021 et que cette pénurie des semi-conducteurs privera les constructeurs automobiles de 110 milliards de dollars de revenus.
Il s’agit d’un « véritable » obstacle et d’un défi « majeur » auquel fait face l’industrie automobile mondiale, qui a vu sa cadence ralentir, en particulier pour la production des voitures électriques qui nécessite un nombre croissant de ces petits matériaux.
L’élément déclencheur de cette situation est bien évidemment le fort engouement, au début de la crise du covid-19, pour les appareils électroniques (smartphones, tablettes, consoles de jeux vidéos, ordinateur, …) et ce, en raison de la mise en place du télétravail dans plusieurs pays suite au confinement visant à endiguer la propagation du virus.
La production de ces différents appareils a grimpé d’une manière exponentielle, entraînant avec elle une forte demande sur les semi-conducteurs, au même moment où l’industrie automobile était à l’arrêt.
Un passage à vide qui est tout de même plein de leçons à tirer afin de repartir sur de solides bases à moyen et long termes à même de pouvoir éviter d’éventuelles crises. La relocalisation de la production s’avère un des leviers à actionner pour prévenir contre toute pénurie et se veut une nécessité au regard du progrès croissant du numérique.
Et la période post-coronavirus constituerait, bien évidemment, un tournant décisif dans ce sens, notamment avec la diversification et le renforcement de la chaîne d’approvisionnement mondiale, ce qui contribuerait à la satisfaction de la demande des semi-conducteurs dans les différents domaines, y compris celui de l’industrie automobile.
Force est de constater que les professionnels restent optimistes et envisagent un avenir meilleur. En effet, le World semiconductor trade statistics (WSTS), qui est l’organisation professionnelle mondiale de l’industrie du semi-conducteur, s’attend à une augmentation de 19,7% de la consommation de puces à 527,2 milliards de dollars (Md$) en 2021.
Cette organisation, qui a publié ses prévisions en début juin, indique aussi que l’Asie-Pacifique devrait afficher une croissance de 23,5% à 334,7 Md$, devant l’Europe (+21,1% à 45,4 Md$), le Japon (+12,7% à 41,1 Md$) et les Etats-Unis (+11,1% à 106 Md$).
De quoi rassurer les concessionnaires qui guettent la moindre lueur d’espoir pour relancer leurs lignes de production et rétablir le niveau d’avant crise, voire même le dépasser, tout en ciblant les voitures de l’avenir, basées essentiellement sur l’électronique.