Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a reproché vendredi à la Russie de faire de son vaccin anti-Covid Spoutnik V un outil de “propagande”.
“A la manière dont c’est géré, c’est plus un moyen de propagande et de diplomatie agressive qu’un moyen de solidarité et d’aide sanitaire”, a-t-il déclaré sur la radio France Info.
Prenant l’exemple de la Tunisie, le ministre a comparé les annonces de livraison de la Russie avec les livraisons déjà effectuées par le système international Covax d’aide au plus défavorisés, créé par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
“La Russie a annoncé avec beaucoup d’environnement médiatique qu’ils allaient donner 30.000 doses aux Tunisiens, très bien Spoutnik !”, a lancé le ministre français.
“Mais dans le même temps Covax a déjà livré 100.000 doses et va en liver 400.000 d’ici le mois de mai. Et il y aura en tout quatre millions de doses qui sont prévues pour cette année à la Tunisie. Ca c’est du vrai travail de solidarité, c’est de la vraie coopération sanitaire”, a-t-il dit.
Plus généralemement, le chef de la diplomatie française a pointé la guerre d’influence autour du vaccin à laquelle se livrent Pékin et Moscou.
“La Chine, la Russie mènent une politique d’influence par le vaccin avant même de vacciner leur propre population”, a déclaré Jean-Yves Le Drian.
Citant le cas du Sénégal, il a ainsi relevé que quand la Chine annonçait “avoir livré 200.000 doses à ce pays”, Covax en avait “déjà livré” le double.
Malgré le succès proclamé de son vaccin Spoutnik V, homologué dans 56 pays, à grand renfort de propagande publique, la Russie peine à vacciner sa population, dont une part importante reste méfiante.
Le président russe vladimir Poutine, qui s’est fait vacciner mardi loin des caméras, dénonce pour sa part les critiques européennes, qu’il juge “étranges” compte tenu de l’urgence sanitaire et de la lenteur de la campagne de vaccination en Europe.
Accueilli initialement avec scepticisme à l’étranger lors de son annonce à l’été, le Spoutnik V a vu sa fiabilité validée en février par la revue scientifique The Lancet. Une demande d’homologation est actuellement examinée par l’Agence européenne des médicaments (AEM).