Depuis l’annonce par le Wali de Bank Al Maghrib (BAM), Abdellatif Jouahri, d’une probable intervention sur le marché des bons du Trésor pour le réguler et offrir de la liquidité aux investisseurs, les opérateurs étaient dans l’attente de cette opération inédite qui sauvera le marché secondaire, dont les conditions de financement sont de plus en plus difficiles.
Chose « promise » chose due: Le premier appel d’offres relatif à une opération structurelle d’achat de bons du Trésor sur le marché secondaire a été organisé, lundi dernier, par la Banque Centrale, enregistrant une demande globale de près de 15 milliards de dirhams totalement satisfaite par l’institut d’émission.
Faisant partie des instruments de politique monétaire, cette opération, rappelons le, est qualifiée de « structurelle » dans la mesure où elle est destinée à gérer une situation d’excédent ou d’insuffisance de liquidité à caractère durable. Elle peut prendre soit la forme d’achats ou de ventes de titres émis par le Trésor sur le marché secondaire, soit la forme d’émission par BAM de titres d’emprunts négociables et leur rachat.
De l’avis de l’économiste et spécialiste en politique de change, Omar Bakkou, la Banque centrale peut faire appel à des instruments « quantitatifs », en l’occurrence l’intervention sur le marché secondaire des bons du Trésor, en vue de gérer une situation d’insuffisance de liquidité à caractère durable, et ce à travers l’achat par BAM des titres émis par le Trésor sur ce marché.
Il s’agit d’une opération qui agit directement sur la quantité de la monnaie en circulation, permettant à la Banque de réguler le marché et gérer la liquidité des investisseurs, avait indiqué le spécialiste dans une déclaration à la MAP.
Cette intervention a pour but principal de réguler le marché des bons du Trésor et de la dette publique, et remédier à la « déformation » de la courbe des taux, qui commence à afficher une tendance à la hausse.
« Anticipant d’éventuels relèvements du taux directeur dans le futur, les investisseurs revendiquent des taux plus élevés sur les titres détenus à moyen terme. Cette surréaction se répercute automatiquement sur le marché des bons du Trésor par crainte de dégradation de la valeur de ces instruments financiers détenus en portefeuille », explique l’économiste.
Cette décision a donc pour but d’agir sur les anticipations des banques, leur poussant ainsi à revoir le taux d’intérêt réclamé en contrepartie de la détention des bons du Trésor à moyen terme, ajoute-t-il, faisant remarquer qu’il s’agit d’une « mesure d’accompagnement à la politique du relèvement des taux directeur », ayant pour but de remédier aux « effets négatifs » de ce relèvement sur le marché des bons du Trésor.
BAM a organisé, lundi dernier, un appel d’offres relatif à une opération structurelle d’achat de bons du Trésor sur le marché secondaire, conformément à la décision du Wali No 80-W-20 et à la Lettre circulaire No LC-BKAM-2020-8 relatives aux instruments de politique monétaire. Le prochain appel d’offres est prévu le 16 janvier prochain.
Lors de cette première opération, la maturité moyenne des bons du Trésor achetés par BAM s’est établie à 6,5 mois et le taux de rendement moyen s’est élevé à 3,34%.
ALdar: LA MAP