
Par / Iman Alaoui
Dans un long reportage, le magazine français Le Point dresse un tableau saisissant du fossé croissant entre l’Algérie et le Maroc. Selon la publication, l’Algérie officielle demeure prisonnière d’une mentalité héritée des années 1960, parlant encore le langage de la révolution et de la libération, comme si le temps s’était arrêté au moment de l’indépendance. Pendant ce temps, le Maroc avance à pas assurés vers la transformation numérique et l’économie du futur.
Le Point décrit un régime algérien enfermé dans la nostalgie, incapable de lire les mutations profondes du monde contemporain. Toujours attaché à un discours issu de la guerre froide, fondé sur la lutte contre « l’impérialisme » et les « complotismes étrangers », le pouvoir algérien semble ignorer que la force des nations modernes se mesure aujourd’hui à leur capacité à innover, à produire de la connaissance et à s’adapter à l’ère de l’intelligence artificielle.
Le magazine souligne que la direction algérienne souffre d’une véritable “syndrome de la révolution permanente” : elle tire sa légitimité de gloires passées sans offrir la moindre vision d’avenir, ni pour l’économie ni pour la société.
À l’inverse, le Maroc apparaît dans le reportage comme un modèle d’ouverture progressive et de réforme continue. En vingt ans, le royaume a investi massivement dans la technologie, les énergies renouvelables et les infrastructures numériques, faisant du pays une destination privilégiée pour les entreprises mondiales en quête de stabilité et de croissance en Afrique. Le Point résume ainsi la situation : « Le Maroc a choisi de parier sur l’avenir, tandis que l’Algérie reste figée dans le passé. »
Selon la revue, le discours officiel algérien continue de fonctionner selon une logique de méfiance et de fermeture, refusant d’admettre les changements des équilibres régionaux et mondiaux. Cette immobilité intellectuelle et politique prive le pays de formidables opportunités, notamment dans le numérique et l’innovation industrielle, puisque son économie demeure presque exclusivement dépendante des revenus du gaz et du pétrole, alors que les économies modernes diversifient leurs ressources et bâtissent des écosystèmes technologiques intégrés.
Le Point va plus loin encore, estimant que l’Algérie vit “hors du temps” : pendant que d’autres nations conçoivent des stratégies nationales en matière d’intelligence artificielle, investissent dans l’éducation numérique et la recherche, les élites algériennes se perdent dans des débats archaïques sur “l’ennemi” et “l’allié”, comme si le pays n’avait jamais quitté les premières années de l’indépendance.
Ce décalage, ajoute le magazine, fait peser une lourde frustration sur la population algérienne : un peuple doté de ressources immenses, mais prisonnier d’un État sans vision, où le patriotisme rhétorique tient lieu de politique de développement.
En revanche, le Maroc, fort de sa stabilité institutionnelle et de sa stratégie claire, a réussi à consolider sa position sur la scène africaine et à tisser des partenariats équilibrés avec les grandes puissances, qu’il s’agisse de l’Union européenne, des États-Unis ou de la Chine. Cette orientation pragmatique vers l’avenir permet aujourd’hui à Rabat de progresser discrètement dans des domaines d’avenir tels que les technologies vertes, les industries mécaniques et la transition énergétique.
Le Point conclut son analyse par une phrase marquante :
« Tandis que les Algériens parlent encore des gloires du passé, les Marocains écrivent déjà les succès de demain. »
Une conclusion amère pour un pays riche en ressources mais pauvre en perspectives. À l’heure de l’intelligence artificielle, posséder du gaz ne suffit plus : il faut aussi des idées. C’est là, selon Le Point, le véritable fossé entre Alger et Rabat : l’une s’accroche à son passé révolutionnaire, l’autre construit sereinement son futur.




