
Par Iman El Alaoui
Après de longues années d’efforts diplomatiques constants, le Maroc s’apprête à franchir un tournant majeur dans le dossier du Sahara. Le nouveau projet de résolution présenté au Conseil de sécurité consacre, de manière explicite, l’Initiative marocaine d’autonomie comme référence centrale du règlement politique, marquant ainsi le recul définitif de l’option du “référendum”, longtemps au cœur des débats et des divisions.
Ce changement n’est en rien le fruit du hasard. Il est le résultat d’une stratégie marocaine méthodique, fondée sur la discrétion plutôt que la démonstration, sur l’efficacité plutôt que la rhétorique. Depuis 2007, année où Rabat a présenté son plan d’autonomie comme une solution réaliste et pragmatique, la diplomatie marocaine s’est engagée dans une bataille silencieuse : transformer les mots avant de changer les positions. Aujourd’hui, cette approche porte ses fruits. La nouvelle mouture du texte onusien mentionne à six reprises le terme “autonomie”, tandis que le mot “référendum” n’apparaît plus que dans la dénomination administrative de la MINURSO, sans aucune portée politique.
Fait révélateur, le Maroc n’a fait aucune déclaration officielle, ni célébration particulière. Le ministère des Affaires étrangères garde le silence, et la presse nationale s’abstient de tout triomphalisme. Une attitude qui reflète une méthode bien rodée : celle d’une diplomatie patiente, qui préfère les résultats concrets aux effets d’annonce. À Rabat, on estime que les victoires diplomatiques se mesurent aux votes des Nations unies, non aux titres des journaux.
De l’autre côté, la réaction d’Alger n’a pas tardé. Les médias officiels algériens ont, comme à l’accoutumée, évoqué “des complots” et “des alliances occultes”, cherchant à inscrire ce développement dans une lecture conflictuelle régionale, plutôt qu’à reconnaître l’évolution du consensus international. Mais ces analyses précipitées ont vite perdu de leur crédibilité face aux dépêches d’agences internationales telles que Reuters, qui soulignent que le projet de résolution renforce la pertinence de l’approche marocaine comme seule voie crédible et réalisable.
Pendant que certains s’enferment dans les discours et les dénégations, le Maroc poursuit, sereinement, une stratégie diplomatique de long terme. Sa politique repose sur la construction progressive de la confiance au sein de la communauté internationale, jusqu’à ce que l’“autonomie sous souveraineté marocaine” s’impose non seulement comme une proposition, mais comme un cadre onusien en voie de consolidation.
À l’approche du vote décisif au Conseil de sécurité, Rabat se tient dans une posture confiante, loin de tout empressement. Car le Maroc sait qu’une victoire diplomatique durable n’est jamais immédiate, mais lorsqu’elle se réalise, elle s’inscrit dans la mémoire politique comme un tournant irréversible.
 
				



