
ALDAR/ Meryem Hafiani
La ville chinoise de Tianjin accueille depuis dimanche les assises de l’Organisation de coopération de Shanghai, dans ce qui s’annonce comme l’une des rencontres les plus marquantes depuis la fondation de l’organisation en 2001. Plus d’une vingtaine de dirigeants issus d’Asie, d’Europe et du Moyen-Orient y prennent part, donnant à ce sommet une résonance géopolitique particulière à l’heure où les tensions entre l’Occident et les puissances émergentes s’intensifient.
La présence du président russe Vladimir Poutine, accueilli avec tous les honneurs sur tapis rouge, symbolise la solidité du partenariat stratégique entre Moscou et Pékin, décrit par la presse chinoise comme « à son apogée ». Dans le même temps, la visite du Premier ministre indien Narendra Modi – la première depuis 2018 – a marqué les esprits. Son entretien avec Xi Jinping, consacré aux différends frontaliers et à la coopération économique, laisse entrevoir une dynamique de rapprochement entre les deux géants asiatiques souvent désignés comme « le dragon et l’éléphant ».
Autour de la table figurent également l’Iran, la Turquie, la Biélorussie et plusieurs États d’Asie centrale, aux côtés du Secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres. Cette participation élargie illustre la montée en puissance de l’OCS, désormais bien au-delà de sa vocation initiale de coopération sécuritaire, et devenue un espace de dialogue sur l’énergie, l’économie et la défense.
En parallèle, Pékin s’apprête à organiser un imposant défilé militaire marquant le 80ᵉ anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, auquel assisteront plusieurs chefs d’État, dont le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un. La mise en scène conjointe de ce sommet diplomatique et de la démonstration militaire est perçue comme un message clair : la Chine revendique son rôle de pilier central dans la redistribution des cartes du pouvoir mondial.
Pour de nombreux analystes, la rencontre de Tianjin dépasse largement le cadre institutionnel habituel. Elle incarne la transition vers un monde multipolaire où l’influence américaine se voit contestée par de nouveaux pôles de pouvoir. Dans cette logique, l’axe Pékin-Moscou ambitionne de tracer une voie alternative, fondée sur des partenariats stratégiques équilibrés, capables de remodeler la carte des rapports de force en Asie et bien au-delà.