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Vente de diplômes de master et de doctorat au Maroc : crise de qualité ou chaos académique ?

Vente de diplômes de master et de doctorat au Maroc : crise de qualité ou chaos académique ?

ALDAR / Analyse

Ces dernières années, le paysage académique marocain a connu une augmentation notable du nombre de titulaires de diplômes de master et de doctorat, ce qui a suscité un vif débat sur la valeur réelle de ces diplômes et le niveau réel de qualification de leurs détenteurs. Qu’est-ce qui a rendu l’obtention d’un diplôme supérieur si courante et répétée, au point que certains se précipitent vers un doctorat dès la fin de leur master ? Et comment expliquer la présence fréquente de personnes détenant les plus hauts titres académiques, alors que leur niveau intellectuel et linguistique ne répond pas aux critères les plus élémentaires de réussite scientifique ?

Ce phénomène n’est pas nouveau, mais il reflète une crise plus profonde dans le système de l’enseignement supérieur au Maroc, où la quantité semble l’emporter sur la qualité, et où les critères d’évaluation et de performance académique ont reculé au profit de la logique du marché et du profit rapide. Les universités et établissements d’enseignement ressemblent parfois à des entreprises qui délivrent des diplômes comme des produits facilement accessibles en échange de sommes d’argent ou de relations particulières, loin du véritable concept de recherche scientifique et d’excellence académique.

Plusieurs facteurs ont contribué à cette réalité, notamment la propagation de la culture des « diplômes pour les diplômes » sans mise en avant de la compétence et des connaissances, ainsi que l’augmentation du nombre d’étudiants par rapport à la capacité réelle des établissements à les accueillir efficacement. À cela s’ajoute la faiblesse des mécanismes de contrôle et d’évaluation internes et externes, qui permettent parfois la validation de travaux de recherche ne répondant pas au niveau scientifique requis.

En revanche, on ne peut nier que cette expansion dans l’attribution des diplômes supérieurs répondait à un besoin du marché du travail en cadres spécialisés, mais le problème réside dans l’absence d’une stratégie claire conciliant quantité et qualité. Par ailleurs, le souci porté au nombre de diplômés ne doit pas occulter la nécessité de reconstruire une culture de la recherche scientifique, d’améliorer le niveau de l’enseignement, et de renforcer les capacités des enseignants et des encadrants académiques.

En conclusion, la réforme de l’enseignement supérieur au Maroc nécessite une révision complète du système académique, depuis les critères d’admission, en passant par les programmes d’enseignement et les méthodes d’évaluation, jusqu’aux mécanismes de contrôle de la qualité de la recherche scientifique. Sans cela, la situation actuelle restera un mélange d’accumulation quantitative et de recul qualitatif, menaçant la crédibilité des universités et la capacité des diplômés à être compétitifs au niveau national et international.

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