Seize universitaires membres du groupe de recherche international Léopold Sédar Senghor ont cosigné un texte dans lequel ils plaident pour la sauvegarde de la bibliothèque du premier président de la République sénégalaise, programmée pour une vente aux enchères le 16 avril prochain en France.
Le 16 avril 2024 est programmée, à l’hôtel des ventes de Caen, en France, la vente ”d’une grande partie de la bibliothèque personnelle, pas moins de 304 lots composés d’un à plusieurs ouvrages, du premier président de la République du Sénégal, Léopold Sédar Senghor”, alertent-ils.
Selon l’historien Mouhamadou Moustapha Sow de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, un des signataires de ce document, ”il s’agit d’attirer l’attention sur l’urgente nécessité de préserver et de valoriser le patrimoine du premier président du Sénégal et poète Léopold Sédar Senghor”.
“A travers les traces qu’il a laissées et qu’il nous a léguées, c’est toute une partie de l’histoire et du patrimoine sénégalais qui apparaît et qui risque à nouveau de disparaître”, avertit-il.
La menace est d’autant plus importante qu’il s’agit, selon Moustapha Sow, ”d’ouvrages importants à l’image de l’exemplaire du prodigieux discours sur le colonialisme de l’ami Aimé Césaire”. Celui-ci était dédié à “ce vieux Léopold Sédar Senghor”, écrivait l’écrivain martiniquais, disant être sûr que “malgré les apparences politiques, il [Senghor] déteste le colonialisme, destructeur de culture, de finesse (sic) et de civilisation”.
Il y a aussi des ouvrages du poète Aragon, également adressés à Ginette Eboué, la première épouse de Senghor, ou encore l’exemplaire d’un ouvrage déterminant dans la construction de sa pensée, “Ainsi parla l’oncle” de l’Haïtien Jean-Price Mars, qui rend “un fervent hommage d’admiration au grand poète noir”.
Dans cette bibliothèque figurent aussi des livres d’écrivains sénégalais, voire africains, tels que Ousmane Sembène, Ousmane Socé Diop, Birago Diop, Fily Dabo Sissoko ou encore Joseph Zobel, Paul Niger, Léon-Gontran Damas et Richard Wright, de même que des ouvrages de son ami René Maran, le premier Goncourt noir avec Batouala.
Selon Mouhamadou Moustapha Sow, ces ouvrages sont dédiés au poète, au député, au président de la République ou encore à l’ami Senghor.
“Ils (les ouvrages) disent autant sur les lectures de Senghor que sur ses relations avec les auteurs et le réseau amical, politique et intellectuel qu’il a tissé et dans lequel il s’insère”, fait-il savoir.
L’écrivain et poète Amadou Lamine Sall, quant à lui, a appelé le président de la République Bassirou Diomaye Faye, le 5 avril dernier, pour demander le rapatriement des ouvrages. “Sauvez et ramenez au Sénégal la bibliothèque de Senghor mise en vente aux enchères”, a-t-il imploré.