Alors qu’une partie de la Grèce est ravagée par les incendies, des migrants sont accusés d’avoir déclenché des feux dans le nord-est de son territoire ce qui attisé la haine en ligne à caractère raciste.
Au moins deux informations publiées par des médias grecs et impliquant des migrants ont toutefois été démenties.
Le déchaînement s’est intensifié après qu’un groupe de 13 Pakistanais et Syriens ont été accusés sur les réseaux sociaux d’avoir été pris en flagrant délit au moment où ils tentaient d’allumer un incendie près de la ville d’Alexandroupoli, dans l’Evros.
Cette région frontalière de la Turquie est la proie de violents incendies depuis samedi, attisés par des température élevées et des vents violents.
Un habitant de la région a publié mardi une vidéo en direct sur Facebook montrant les migrants entassés dans une remorque, se vantant de les avoir arrêtés pour avoir tenté de « nous brûler ».
« Ne les montrez pas… brûlez-les! », a commenté un internaute.
L’homme qui a diffusé la vidéo a été arrêté, ainsi que deux complices présumés, les autorités soulignant que de tels agissements ne pouvaient être tolérés.
Les trois détenus ont notamment été accusés d’incitation à la violence raciste par les autorités judiciaires.
Les migrants ont quant à eux été accusés d’entrée illégale et de tentative d’incendie criminel par un procureur d’Alexandroupoli.
Une source gouvernementale a cependant affirmé au quotidien Kathimerini que les éléments disponibles suggèraient plutôt que les migrants pouvaient être liés à un incendie accidentel.
L’homme de 45 ans qui a été arrêté pour avoir détenu les migrants a été assigné à résidence vendredi.
Il a affirmé de son côté être intervenu après avoir vu les migrants tenter d’allumer un dispositif incendiaire dans des buissons près d’un supermarché.
Une photo de l’engin incendiaire présumé publiée sur les réseaux sociaux montre deux pneus de voiture remplis de mousse de polystyrène et de bois.
Ces discours vont de pair avec la désinformation de certains médias.
Un portail d’information local a annoncé mardi que 20 migrants avaient été arrêtés près d’Alexandroupoli après avoir échangé des coups de feu avec la police.
Les autorités ont réfuté ces affirmations.
La chaîne de télévision Open a également publié mercredi un rectificatif après avoir rapporté par erreur que deux migrants avaient été surpris en train d’allumer un incendie dans la région voisine de Rodopi.
Le nord de la Grèce a été dévasté par de violents incendies qui ont entraîné plus de 14.000 évacuations, notamment dans un hôpital.
Les différents fronts, qui ont fusionné en une ligne s’étendant sur 15 kilomètres, ont brûlé plus de 60.000 hectares de terres agricoles et de forêts.
Cette zone reculée, parmi les plus pauvres de Grèce, se trouve à quelques kilomètres seulement de la frontière turque. Des migrants en quête d’asile dans l’Union européenne tentent très régulièrement de passer la frontière terrestre.
Le ressentiment anti-migrants est fort dans les zones frontalières grecques, où des locaux accusent régulièrement les demandeurs d’asile de vol et affirment que la conduite imprudente des passeurs pose un risque sérieux sur les routes.
L’extrême droite y réalise parmi ses meilleurs scores dans le pays.
« Je suis absolument convaincu que les incendies ont été provoqués par des migrants », a affirmé à l’AFP Christos Paschalakis, un habitant de la région d’Evros.
« Ils nous brûlent, nous volent, ils nous tuent dans des accidents de la route », a-t-il lancé.
« Je n’ai aucun doute sur le fait que le feu de forêt a été déclenché par des migrants », a également affirmé Vangelis Rallis, un bûcheron à la retraite de 70 ans du village de Dadia.
« L’an dernier, ils ont brûlé (une partie du parc national proche) et cette année ils sont revenus pour terminer le travail. Ils ont peut-être même été payés pour le faire. Ils veulent nous détruire », a-t-il ajouté alors que ces propos ne sont étayés par aucun fait.
Sur les 20 personnes tuées dans les incendies de cette semaine, 19 sont sans doute des migrants.
Dix-huit personnes, dont deux enfants, ont été retrouvées mortes mardi près d’un village à 38 kilomètres de la frontière turque. Un autre migrant avait déjà été retrouvé mort la veille.
Le chef des gardes-frontières d’Evros, Valandis Gialamas, a indiqué à l’AFP qu’il s’attendait à ce que davantage de corps de migrants soient retrouvés, alors que les passages en provenance de Turquie se sont multipliés ces derniers jours.
Amnesty International a appelé mercredi la Grèce à « évacuer de toute urgence toutes les personnes bloquées dans la région d’Evros et qui sont incapables de se déplacer en toute sécurité en raison des incendies ».
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