ALDAR / Iman Alaoui
Le Maroc et la Chine viennent d’inaugurer une nouvelle étape de coopération industrielle stratégique, suite à l’annonce du groupe chinois Falcon Energy Materials plc du succès de son usine pilote implantée sur la plateforme de Jorf Lasfar au Maroc. Celle-ci a produit le premier lot d’anodes de graphite sphérique purifié et enrobé, l’un des composants essentiels dans la fabrication des batteries et des véhicules électriques.
Cet accomplissement marque un tournant historique, puisqu’il s’agit de la première fois que le quasi-monopole chinois sur cet élément vital est brisé, grâce à un partenariat industriel qui fait du Maroc une nouvelle plateforme de production capable de desservir les marchés internationaux.
Dans la prochaine phase, l’entreprise prévoit de distribuer les premiers échantillons à ses clients internationaux dans la perspective de conclure des contrats d’approvisionnement à long terme, avant de lancer la construction d’une usine industrielle intégrée avec une capacité annuelle de 25 000 tonnes.
Sur le plan économique, le projet devrait générer des revenus opérationnels de 152 millions de dollars par an, avec une marge bénéficiaire de 62 %. Mais la véritable valeur ajoutée réside dans l’impact géo-économique de cette coopération, qui positionne le Maroc au cœur des industries mondiales liées à la transition énergétique, tout en renforçant la place de la Chine en tant qu’acteur majeur élargissant sa présence au-delà de ses frontières.
Alors que Pékin contrôle plus de 90 % de la production d’anodes de graphite, l’implantation de ce projet au Maroc illustre le pari de la Chine sur le royaume en tant que partenaire stratégique, grâce à sa localisation géographique exceptionnelle aux portes de l’Europe et de l’Afrique, à ses infrastructures modernes et à sa vision énergétique ambitieuse.
Cette coopération incarne une équation gagnant-gagnant : la Chine consolide son expansion mondiale via le Maroc, tandis que le royaume acquiert une position stratégique dans les chaînes de valeur mondiales de l’énergie propre, lui permettant de se transformer en un futur hub industriel majeur.
Ce qui se passe aujourd’hui à Jorf Lasfar n’est pas un simple investissement industriel, mais une avancée géo-économique majeure qui confirme que le Maroc et la Chine écrivent ensemble un nouveau chapitre dans les équations de l’industrie de demain, à un moment où les grandes puissances se disputent le contrôle des clés de l’économie verte.
