
ALDAR / Analyse
L’Algérie traverse actuellement l’une des périodes les plus critiques de son histoire contemporaine, marquée par une série d’indicateurs alarmants laissant présager un effondrement progressif du régime en place, dirigé par l’armée depuis l’indépendance en 1962. À l’intérieur du pays, la tension est à son comble, avec une vague d’arrestations sans précédent touchant des dizaines de hauts gradés de l’armée, dont dix généraux de corps d’armée, soixante généraux et quatre-vingt-cinq colonels. Une telle opération illustre l’ampleur du désordre et des luttes de pouvoir internes au sommet de l’État.
Sur le plan politique, la réélection du président Abdelmadjid Tebboune avec un score de 94,65 % n’a fait que renforcer l’image d’un système verrouillé, sans opposition réelle ni perspectives de transition démocratique. Boycott massif, absence de pluralisme, mise en scène électorale : les observateurs ont qualifié le scrutin de mascarade politique, qui a davantage creusé le fossé entre le pouvoir et le peuple, tout en aggravant l’isolement du régime tant à l’intérieur qu’à l’étranger.
À l’échelle régionale, l’Algérie apparaît de plus en plus repliée sur elle-même. Ses relations avec plusieurs pays voisins sont rompues ou fortement détériorées : avec le Maroc, le Mali, le Niger ou encore le Burkina Faso. Même ses liens traditionnels avec la Russie semblent vaciller, malgré la poursuite des achats d’armements. Cette instabilité géopolitique témoigne d’un isolement croissant dans une région en mutation.
Par ailleurs, la question du Sahara occidental semble désormais tranchée au niveau international en faveur du Maroc, dont la proposition d’autonomie ne cesse de recueillir de nouveaux soutiens diplomatiques. Cette évolution a réduit à néant le levier qu’était, pour Alger, son soutien historique au Front Polisario, devenu aujourd’hui un fardeau diplomatique et sécuritaire, notamment en raison de son implication présumée dans des réseaux de contrebande et de criminalité transnationale au Sahel.
Sur le plan des droits humains, la situation est tout aussi préoccupante. L’arrestation du célèbre écrivain Boualem Sansal a provoqué une onde de choc en Europe, déclenchant des condamnations fermes de la part de l’Union européenne et d’organisations de défense des libertés. Cette affaire a mis en lumière l’ampleur de la dérive autoritaire du régime. En parallèle, la répression des journalistes, des militants et des opposants politiques se poursuit, dans un contexte socio-économique marqué par la dégradation des services publics, la hausse du chômage et un système économique dépendant de la rente pétrolière et gangrené par la corruption.
Tous ces éléments confirment que l’Algérie vit aujourd’hui un tournant historique. Les piliers d’un régime fondé sur la peur et le contrôle sécuritaire s’effritent, tandis que la chute semble s’accélérer dans un silence pesant. Aucun signe de réforme sérieuse n’émerge, et aucune volonté réelle de réconciliation avec la population n’apparaît à l’horizon. Ce pays, jadis porté par l’élan héroïque de la lutte pour l’indépendance, semble désormais prisonnier d’un système à bout de souffle, dont la chute paraît inévitable si les dynamiques actuelles persistent.