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Le Maroc tourne-t-il la page d’Abdeslam Ahizoune ? De Maroc Telecom au Festival Mawazine et à la Fédération d’Athlétisme

Le Maroc tourne-t-il la page d’Abdeslam Ahizoune ? De Maroc Telecom au Festival Mawazine et à la Fédération d’Athlétisme

ALDAR / Iman Alaoui

La décision de limoger Abdeslam Ahizoune de la présidence du Conseil d’administration de Maroc Telecom a suscité un large soulagement et représente un signal fort en faveur d’une volonté de lancer une nouvelle dynamique au sein des grandes institutions stratégiques du pays.

Les interrogations sont aujourd’hui nombreuses dans les milieux médiatiques, culturels et sportifs au Maroc, non seulement parce qu’Ahizoune est l’une des figures les plus anciennes à la tête d’une grande entreprise nationale, mais aussi parce qu’il conserve toujours des postes sensibles, notamment la présidence du Festival Mawazine et de la Fédération royale marocaine d’athlétisme, deux fonctions qui ont également fait l’objet de vives critiques au fil des ans.

Son éviction de Maroc Telecom a été perçue par certains comme le début d’un « démantèlement d’un long héritage de concentration administrative ». En poste depuis 2001, Ahizoune a marqué de son empreinte un secteur en pleine mutation, notamment par une expansion vers plusieurs marchés africains. Mais sa gestion a toujours été entachée de critiques persistantes : monopole du marché, lenteur de la digitalisation, et cherté des services.

Ce qui interpelle aujourd’hui, c’est que ce départ de Maroc Telecom n’a pas été suivi par d’autres retraits similaires des postes qu’il continue à occuper. Une situation qui soulève une question essentielle : le Maroc est-il en train de restructurer les postes à multi-allégeances ?

Festival Mawazine : luxe artistique et colère populaire

Depuis plusieurs années, le Festival Mawazine, présidé par Ahizoune, est au centre de polémiques. Le grand public et les observateurs lui reprochent d’engloutir des budgets colossaux d’argent public, dans un contexte où des secteurs clés comme la santé et l’éducation manquent cruellement de ressources. L’édition 2025, marquée par la présence d’artistes internationaux rémunérés à prix d’or, a encore ravivé les critiques populaires.

À cela s’ajoute le reproche récurrent selon lequel le festival manquerait d’une vision culturelle nationale et se serait transformé en simple vitrine marketing, déconnectée de la richesse et de la diversité culturelle du Maroc. Malgré toutes ces critiques, Ahizoune a maintenu sa position, appuyé par un réseau d’influence bien établi et un ancrage administratif solide.

Fédération d’athlétisme : la base sacrifiée au sommet ?

À la tête de la Fédération royale marocaine d’athlétisme depuis 2006, Abdeslam Ahizoune est également sous le feu des critiques. Si certaines performances individuelles ont marqué les compétitions internationales, la base sportive nationale a connu une régression visible.

Certains lui reprochent une gestion verticale qui marginalise les petits clubs et les ligues régionales, sans investissements réels dans les infrastructures de proximité ni dans la formation des entraîneurs et techniciens. D’autres dénoncent un manque de gouvernance participative et une répartition inéquitable des financements.

Changement d’ère : vers une refonte du leadership institutionnel ?

Dans un contexte politique renouvelé, marqué par une volonté d’injecter du sang neuf dans les structures nationales, Ahizoune apparaît comme un symbole d’un système révolu, dont les équilibres internes sont de plus en plus remis en cause. La tendance actuelle, portée par une société civile plus vigilante et une culture croissante de redevabilité et de transparence, n’est plus en faveur du cumul prolongé de fonctions stratégiques.

Le prochain départ, culture ou sport ?

Entre le Festival Mawazine et la Fédération d’athlétisme, Abdeslam Ahizoune reste au cœur d’un tourbillon de critiques, nourri par une aspiration profonde à une gestion plus ouverte, plus efficace, et plus représentative des nouvelles compétences nationales. Son départ de Maroc Telecom ouvre une brèche. Reste à savoir : quelle sera la prochaine sortie ? Par la porte de la culture ou celle du sport ?

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