
Par Imane El Alaoui – ALDAR
Le Parti de la Justice et du Développement (PJD) a choisi d’organiser sa 7ᵉ conférence régionale de Casablanca-Settat sous un slogan ambitieux : « Lutter pour la crédibilité du choix démocratique et la dignité du citoyen ».
Mais ce mot d’ordre, malgré son ton engagé, s’est vite heurté à une question cruciale et pressante : quelle est aujourd’hui la place réelle du parti dans cette lutte ? Et où était-il lorsque plusieurs acquis démocratiques ont été remis en cause alors qu’il dirigeait le gouvernement ?
Cette conférence intervient dans un contexte politique particulièrement délicat pour le PJD, toujours affaibli par la lourde défaite qu’il a subie lors des élections de 2021. Le parti y a perdu la majorité écrasante de ses sièges parlementaires ainsi que les postes-clés dans les conseils communaux dont il avait la gestion.
Après une décennie passée à la tête des affaires publiques, le parti fait face à de grandes difficultés pour reconstruire sa base populaire. Sa structure organisationnelle s’est également affaiblie, notamment dans des grandes villes comme Casablanca, autrefois bastion solide de sa présence politique.
Malgré ses tentatives répétées, à travers les conférences régionales, de regagner la confiance et de retrouver un rôle de premier plan sur la scène politique, ces efforts semblent pour l’heure davantage relever du discours que d’un plan d’action concret et réaliste.
Selon des sources présentes, la séance inaugurale de la conférence a davantage ressemblé à une tribune pour régler des comptes internes, qu’à un espace de diagnostic régional ou de formulation de solutions applicables.
L’absence remarquée de figures majeures du parti, qui furent autrefois des garants politiques et idéologiques, a également été pointée. Certains observateurs y ont vu une tentative de recycler les mêmes élites, tout en maquillant le discours sans réelle autocritique de l’expérience gouvernementale du parti ou de sa gestion territoriale.
Ce qui a également frappé lors de la conférence, c’est le faible intérêt accordé à l’approche régionale, pourtant censée constituer le cœur des débats, surtout dans un Maroc engagé depuis des années dans un processus de régionalisation avancée, conçu pour garantir une répartition équitable des richesses et du pouvoir.
L’absence d’une vision claire des revendications spécifiques à la région Casablanca-Settat, ainsi que le manque de présentation d’un programme régional détaillé, ont suscité des doutes quant à la capacité réelle du parti à revenir à la gestion locale et régionale par la voie d’une opposition constructive, et non simplement par la critique rhétorique.
Ainsi, bien que cette 7ᵉ conférence régionale du PJD à Casablanca-Settat ait affiché un slogan audacieux, elle a manqué du courage politique nécessaire pour dresser un constat honnête de la réalité, reconnaître l’échec de l’expérience gouvernementale du parti, et ouvrir la voie à de nouvelles énergies susceptibles de proposer une offre politique renouvelée.
Dans un climat marqué par une abstention politique croissante et des critiques persistantes, le PJD est appelé à une profonde révision de ses fondements idéologiques et organisationnels. Il doit passer de la posture défensive à une dynamique de reconstruction, s’il croit encore sincèrement à la lutte pour la crédibilité du choix démocratique et la dignité du citoyen.