Le Premier ministre irakien a annoncé lundi avoir congédié le gouverneur de la Banque centrale Moustafa Ghaleb Mukhif « à sa demande », un geste qui intervient alors que le dinar continue de fluctuer face au dollar.
« Aujourd’hui, la demande de décharge du gouverneur de la Banque centrale a été approuvée, de même que la demande de mise à la retraite du président de la Banque du Commerce d’Irak », a déclaré Mohamed Chia al-Soudani lors d’une allocution télévisée, précisant, sans les nommer, que leurs successeurs étaient « connus pour leur expérience, leurs capacités et leur intégrité ».
Cette décision intervient alors que le dinar ne cesse de fluctuer face au dollar depuis la mi-novembre.
Sur le marché, un dollar valait dimanche 1.620 dinars, selon l’agence de presse officielle INA, tandis que sa valeur se maintenait aux alentours de 1.470 dinars il y a deux mois. Le taux de change officiel est, lui, fixé par le gouvernement et reste inchangé à 1.470 dinars.
Des analystes et responsables interrogés par l’AFP attribuent cette baisse à la mise en conformité du système bancaire irakien avec la réglementation internationale sur les transferts de fonds du mécanisme SWIFT.
Pour avoir accès aux dollars irakiens stockés aux Etats-Unis, les banques irakiennes doivent désormais effectuer « leurs virements sur une plateforme électronique et vérifier les demandes » de virement, a expliqué à l’AFP Muzhar Saleh, un conseiller du Premier ministre.
« Ensuite, la Réserve fédérale [ou Fed, la Banque centrale des Etats-Unis] les examine et si elle a des doutes, elle bloque le virement », a-t-il ajouté.
Or, depuis la mise en place de ce mécanisme, la Fed américaine a rejeté « 80% des demandes » de virements des banques irakiennes, car les autorités américaines avaient des soupçons sur les destinataires finals des sommes à transférer, a-t-il indiqué.
Le dollar s’étant raréfié sur le marché irakien, sa valeur a augmenté et fait chuter celle du dinar, qui a épisodiquement repris du poil de la bête ces dernières semaines.
L’idée derrière le mécanisme de transfert de fonds SWIFT est d’introduire plus de transparence, de lutter contre le blanchiment d’argent et de faire respecter les sanctions internationales, comme celles en vigueur contre l’Iran et la Russie.
Mais certains responsables irakiens proches de Téhéran affirment qu’il s’agit là d’une politique délibérée de Washington pour « affamer les gens », comme l’a expliqué Hadi al-Ameri, le patron du parti pro-iranien Fateh.
ALdar : LA MAP