Malgré la baisse de la rentabilité de plusieurs secteurs sociaux et économiques au niveau de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, en raison des répercussions de la pandémie du nouveau coronavirus (Covid-19), la région du Nord continue, généralement, de renforcer les acquis réalisés, en tirant profit des transformations en cours pour poursuivre le chemin de la croissance et consolider sa position comme porte de l’Afrique et de la Méditerranée.
Depuis deux décennies, l’économie constitue le moteur de la croissance de la région, grâce à son positionnement stratégique près du Détroit de Gibraltar, sa proximité avec les grands marchés européens, et sa politique d’ouverture qui a permis d’attirer plusieurs investissements directs étrangers dans les zones économiques spéciales, ainsi que l’implantation des entreprises multinationales et le lancement d’une dynamique industrielle axée sur les nouveaux métiers du Maroc, notamment l’industrie automobile et les énergies renouvelables.
Le secteur des services est considéré comme l’activité économique la plus importante au niveau de la région, avec une contribution d’environ 55,2% à la valeur ajoutée régionale, suivi de l’industrie avec une contribution à hauteur de 33,5%.
L’économie de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima est basée principalement sur les activités portuaires et industrielles dans les zones d’accélération économique situées à proximité des grandes villes, avec en tête le complexe portuaire de Tanger Med, qui constitue un hub logistique mondial situé sur la rive sud du Détroit de Gibraltar. La réussite du modèle de développement économique basé sur la complémentarité entre les services portuaires et les infrastructures industrielles a permis à la plateforme industrielle de Tanger Med d’être classée 2ème zone économique mondiale, par le FDI Intelligence du Financial Times.
« C’est la première fois qu’une zone africaine occupe une place aussi élevée dans ce classement mondial, ce qui témoigne de la formidable montée en puissance du réseau des zones d’activités développées par Tanger Med, le plus important complexe industrialo-portuaire en Afrique, situé sur le Détroit de Gibraltar », a précisé le rapport du FDI Intelligence, qui compare près de 100 zones économiques selon des benchmarks internationaux et mesure l’adéquation de leur offre face aux attentes des investisseurs. Cette réussite économique a été renforcée par la signature virtuelle, début novembre dernier, des accords de partenariat avec China communications construction company (CCCC)/China road and bridge corporation (CRBC), formalisant son entrée, à hauteur de 35%, dans le capital de la Société d’aménagement de Tanger Tech (SATT).
Une nouvelle étape a été ainsi franchie dans la coopération sino-marocaine marquant le démarrage effectif du projet de la Cité Mohammed VI Tanger Tech, une cité industrielle moderne, futuriste, écologique, connectée aux technologies nouvelles et symbole d’une Afrique ouverte sur le monde entier, conformément à la vision de SM le Roi Mohammed VI.
Lors de cette cérémonie de signature, la société AEOLON, l’un des premiers fabricants mondiaux de pales éoliennes, a d’ores et déjà annoncé son intention de s’installer dans la Cité Mohammed VI Tanger Tech, avec un investissement de 140 millions US Dollars et la création de plus de 2.000 emplois. La pandémie a également permis à un certain nombre d’entreprises installées dans la région de reconvertir leur production pour s’adapter aux changements qui ont affecté les activités économiques, en particulier les entreprises du secteur textile et les sociétés de fabrication de produits d’hygiène, ce qui a contribué à l’émergence d’une activité économique à l’exportation à forte valeur ajoutée.
Parallèlement au décollage économique, l’offre de formation a, quant à elle, connu un saut qualitatif avec le lancement, en août dernier, des travaux de construction de la Cité des Métiers et des Compétences de Tanger, troisième du genre au Maroc, qui s’étend sur une superficie de 12 hectares, pour une enveloppe d’investissement global de 480 millions de dirhams (MDH). Cette structure, qui devrait accueillir environ 3.250 stagiaires par an, propose des offres de formation diversifiées et inclusives à travers 87 filières de formation, dont 73% représentent de nouvelles spécialités, et inclura plusieurs pôles à savoir « Industrie » avec une minichaîne de production, « Gestion & Commerce » avec une entreprise virtuelle de simulation, « Digital & Offshoring » doté d’une Digital Factory, « Tourisme & Hôtellerie » avec un hôtel pédagogique et « Agriculture & Agro-industrie » avec une ferme pédagogique, en plus d’un pôle « pêche » et un autre « santé » avec un centre de simulation.
Cette nouvelle entité vient ainsi s’ajouter à l’offre de formation de l’Université Abdelmalek Essaâdi, qui a été renforcée par le lancement des projets de construction de 5 facultés et écoles supérieures dans diverses spécialités à Al Hoceima, Ouezzane, Chefchaouen, Ksar El Kébir et à Tétouan.
Ces projets permettront à l’Université Abdelmalek Essaâdi de se doter de 20 établissements universitaires, offrant des formations notamment en ingénierie, médecine, pharmacie, droit, économie, sociologie, littérature, langues, physique, et en biologie. L’année 2020 a également été marquée par le quasi-achèvement des travaux de construction du Centre hospitalier universitaire (CHU) de Tanger, l’avancement des travaux de construction de l’hôpital provincial d’Al Hoceima et de l’hôpital régional des spécialités de Tétouan, le lancement des travaux de construction de l’hôpital provincial d’Ouezzane, ainsi que l’ouverture de plusieurs centres de santé dans les villes et les centres ruraux pour rapprocher les services médicaux des citoyens.
Parallèlement aux investissements publics directs dans le secteur de la santé, plusieurs conventions ont été signées pour renforcer et améliorer les services de santé dans la région durant la période 2019-2021 pour une enveloppe d’environ 256,9 MDH, avec la contribution du ministère de la Santé, de la Wilaya et du Conseil de la région, ainsi que certaines associations actives dans le domaine de la santé.
La dynamique de développement au niveau de la région a aussi porté sur la mise en valeur du patrimoine matériel des anciennes médinas. En effet, l’année 2020 a connu l’adoption de cinq convention multipartites pour réhabiliter et valoriser les anciennes médinas de Chefchaouen, Ouezzane, Ksar El Kébir, Larache et Tanger, pour une enveloppe d’environ 1,86 milliard de dirhams, outre la poursuite de la mise en oeuvre du programme complémentaire de réhabilitation de l’ancienne médina de Tétouan pour un montant de près de 350 MDH.
Le secteur de l’eau a aussi reçu une attention particulière, à travers l’annonce des grandes lignes du programme national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation 2020-2027 au niveau de la région, portant notamment sur la construction de 4 grands barrages d’une capacité totale d’environ 1.400 millions mètres cubes d’eau, la généralisation du raccordement au réseau d’eau potable en milieux urbain et rural, et l’extension des circuits d’irrigation.
D’importants efforts ont été ainsi déployés pour poursuivre la mise en oeuvre de ces projets de développement dans la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, malgré les répercussions de la pandémie de la Covid-19, dans la perspective de la consolidation de la position de la région et de son rayonnement continental et méditerranéen.