
Par Meryem Hafiani – ALDAR
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a annoncé une évolution notable de la position de Moscou sur la question du Sahara marocain. Il a déclaré que la Russie est prête à « accueillir favorablement l’initiative marocaine d’autonomie comme une forme de l’autodétermination », à condition qu’un consensus soit trouvé dans le cadre des négociations menées sous l’égide des Nations unies. Une déclaration à la tonalité diplomatique mesurée, mais qui marque un tournant dans la lecture russe d’un dossier longtemps abordé avec une prudente neutralité.
Membre permanent du Conseil de sécurité, la Russie a toujours défendu une posture d’« observateur impartial », insistant sur l’importance d’une solution politique négociée sous l’égide de l’ONU. Cependant, la référence explicite à l’initiative marocaine constitue une première dans le discours officiel russe — signe que Moscou commence à envisager le dossier à travers un prisme plus pragmatique, en tenant compte des nouveaux équilibres régionaux.
Pour de nombreux analystes, cette évolution ne peut être dissociée des bouleversements géopolitiques en Afrique du Nord. La Russie, tout en entretenant une alliance militaire ancienne avec l’Algérie, cherche désormais à consolider ses liens économiques et stratégiques avec le Maroc, notamment dans les domaines de l’énergie, des engrais et des minerais rares.
Ce réajustement révèle une volonté d’équilibre : Moscou semble comprendre que le réalisme politique — incarné par le plan marocain d’autonomie — représente la seule voie crédible pour assurer la stabilité régionale et éviter toute escalade susceptible de compromettre ses intérêts en Afrique de l’Ouest et dans le Sahel. Parallèlement, la diplomatie marocaine, fondée sur une diversification intelligente des partenariats à l’Est comme à l’Ouest, récolte aujourd’hui les fruits de ses efforts méthodiques et discrets.
L’initiative marocaine, qualifiée à plusieurs reprises par le Conseil de sécurité de « sérieuse et crédible », bénéficie désormais d’un écho croissant, y compris auprès de puissances qui s’étaient jusqu’ici montrées réservées. Un succès diplomatique qui illustre la capacité du Maroc à imposer une narration nouvelle, centrée sur le pragmatisme et la souveraineté, loin des discours idéologiques figés.
Dès lors, cette inflexion russe annonce-t-elle un virage stratégique susceptible de redessiner les équilibres au sein du Conseil de sécurité ? Ou bien s’agit-il d’un simple test diplomatique pour mesurer les réactions avant d’aller plus loin ?
Quoi qu’il en soit, tout porte à croire que Moscou, bien que toujours prudente, se rapproche progressivement de la position marocaine, consciente que l’avenir de la région repose sur des solutions réalistes et durables. Et c’est précisément ce que représente l’initiative d’autonomie sous souveraineté marocaine.