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Les comités de la torture : le visage caché du régime militaire algérien qui terrorise son propre peuple

Par Imane Alaoui/ ALDAR

Depuis des décennies, le régime militaire algérien perpétue l’une des formes de répression les plus brutales à l’égard de son propre peuple, à travers un appareil sécuritaire opaque fondé sur la peur, la torture et la censure. Ce que beaucoup ignorent encore, c’est l’existence, au sein même des services de renseignement et de la police militaire, de structures clandestines baptisées « comités de la torture », chargées d’extorquer des aveux aux détenus politiques et aux opposants du régime.

Selon plusieurs témoignages et rapports d’organisations internationales, ces comités ne sont pas une invention récente. Leurs origines remontent à la sinistre « décennie noire » des années 1990, lorsque le pouvoir algérien a adopté une politique de la terre brûlée sous prétexte de lutter contre les groupes armés. Les principales victimes de cette politique furent pourtant des civils, des journalistes, des étudiants et des opposants politiques.

Sous la présidence d’Abdelmadjid Tebboune, malgré les promesses d’« ouverture » et de « réforme », les pratiques arbitraires se sont institutionnalisées et modernisées. Amnesty International et Human Rights Watch ont documenté l’existence de cellules spécialisées, installées dans des casernes et des centres de détention secrets, où des prisonniers politiques sont interrogés sous la supervision d’officiers issus de l’ancien service de renseignement militaire, le tristement célèbre DRS (Département du renseignement et de la sécurité). Bien que ce dernier ait été officiellement dissous en 2016, il a en réalité été réactivé sous d’autres appellations.

Des militants algériens exilés affirment que ces comités travaillent en étroite collaboration avec les unités d’enquête du ministère de la Défense. Ils réunissent des officiers formés à des techniques d’« interrogatoire spécial » d’inspiration soviétique : passages à tabac systématiques, privation de sommeil, décharges électriques, isolement prolongé. L’objectif ne serait pas uniquement d’obtenir des aveux, mais aussi d’instaurer une terreur collective, dissuadant toute velléité de contestation.

Fait inquiétant, ces méthodes ne visent plus seulement les militants des droits humains ou les opposants historiques, mais également certaines voix issues du sérail, coupables d’avoir dénoncé la corruption ou l’incompétence au sein du pouvoir. Plusieurs anciens officiers, tels qu’Ahmed Chouchane ou Kamel Bouregaa, ont témoigné de cette culture enracinée dans les institutions de l’État, où la torture est perçue comme un outil légitime de maintien de l’ordre.

Bien que les autorités algériennes nient formellement l’existence de tels comités de la torture, les faits sur le terrain contredisent ce discours officiel : arrestations arbitraires, procès expéditifs, témoignages d’anciens détenus décrivant des cellules sans fenêtres situées dans des bâtiments non identifiés. Tout laisse penser que le pays reste dirigé par une mentalité de guerre, loin des principes d’un État civil moderne.

En définitive, l’affaire des comités de la torture révèle la véritable nature du régime algérien : un pouvoir militaire obsédé par le contrôle, qui redoute la liberté autant qu’il craint la vérité, et qui considère ses propres citoyens comme des ennemis lorsqu’ils osent réclamer leurs droits. Tandis que les dirigeants s’efforcent de redorer leur image à l’étranger avec des discours sur la « démocratie » et le « développement », l’Algérie intérieure demeure prisonnière de la peur, administrée par des comités qui ne connaissent que le langage de la douleur et du silence.

Peut-on réellement parler de réforme dans un pays gouverné par la peur ?
C’est la question que le régime esquive, mais à laquelle il devra tôt ou tard répondre, tant que ces comités de la torture continueront d’agir dans l’ombre, incarnant le vrai visage du pouvoir algérien.

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