Le président russe Vladimir Poutine a multiplié samedi les promesses d’aides financières pour améliorer le quotidien des Russes avant les législatives de septembre, précédées d’une répression féroce contre l’opposition et le mouvement d’Alexeï Navalny.
Le maître du Kremlin s’est exprimé pendant près d’une heure devant plusieurs centaines de hauts responsables réunis à Moscou lors du congrès du parti au pouvoir, Russie Unie.
« Le programme du parti du leader doit être le programme du peuple », a lancé Vladimir Poutine, alors que Russie Unie est impopulaire sur fond de stagnation économique, de lassitude des électeurs et d’affaires de corruption.
Dans un discours entrecoupé d’applaudissements, le président russe a proposé d’investir plusieurs dizaines de milliards de roubles dans l’amélioration des transports publics, des routes et des infrastructures, la rénovation des écoles ou encore le nettoyage des rivières.
« Une famille prospère et solide, avec des enfants, est le futur de la Russie », a-t-il encore déclaré, fidèle à sa défense des « valeurs familiales » et à son objectif de lutte contre le déclin démographique de la Russie.
Alors que la Russie est confrontée à une résurgence de l’épidémie de Covid-19, portée par le variant Delta et une campagne de vaccination laborieuse, M. Poutine a également demandé le lancement d’un programme d’au moins 100 milliards de roubles (1,1 milliard d’euros) pour renforcer « le système de convalescence médicale ».
« Je le répète: il faut mieux se faire vacciner que de tomber malade », a-t-il souligné, de très nombreux Russes se méfiant des vaccins.
Ces annonces interviennent alors que Russie Unie, qui contrôle la majorité de la Chambre basse du Parlement, a vu son soutien populaire déraper ces dernières années.
Selon l’institut public de sondages Vtsiom, sa cote de popularité tourne autour de 30%, soit dix points de moins qu’avant les législatives de 2016. Vladimir Poutine profite lui de 60 à 65% d’opinions favorables.
Les trois partis de l’opposition parlementaire, généralement dociles et soutenant les initiatives du Kremlin (les communistes, le parti ultranationaliste LDPR et la formation Russie Juste) réuniraient environ 30% des suffrages, d’après Vtsiom.
A l’approche du scrutin, les autorités ont multiplié les attaques contre leurs vrais détracteurs, en particulier les organisations d’Alexeï Navalny, qui ont été déclarées « extrémistes » et interdites le 9 juin. Ses membres ont en outre été bannis des législatives.
M. Navalny, incarcéré en janvier, purge lui une peine de deux ans et demi de prison dont il a écopé peu après avoir survécu à un empoisonnement en août 2020 qu’il attribue au Kremlin.
Le principal opposant à M. Poutine s’est fait un nom avec ses enquêtes retentissantes sur la corruption des élites russes, visant en particulier les élus de Russie Unie.
Par crainte de poursuites, plusieurs alliés de Navalny ont dû quitter le pays ces derniers mois tandis que la répression a aussi touché aussi d’autres opposants qui prévoyaient de se présenter aux élections et des médias indépendants.
Lors des législatives, le parti Russie Unie pourra compter sur son implantation à tous les échelons du pouvoir. L’opposition l’accuse ainsi à chaque élection de forcer les fonctionnaires à voter pour lui.
Le scrutin doit se tenir du 17 au 19 septembre, officiellement pour assurer une sécurité optimale face au Covid. Mais des critiques du Kremlin y voient un moyen de faciliter la triche, l’observation du vote et des urnes pendant trois jours et deux nuits étant très difficile.
Lors du congrès de samedi, Vladimir Poutine a demandé que le scrutin exprime « la vraie volonté du peuple », tandis que le dirigeant officiel de Russie Unie, Dmitri Medvedev, a prôné un combat électoral « franc » pour une « victoire honnête ».
« Un combat franc et une victoire honnête, allo? Vous avez mis tous les opposants en prison », a réagi sur Twitter Georgi Albourov, un proche d’Alexeï Navalny.
Les partisans de M. Navalny espèrent toujours promouvoir un « vote intelligent », appelant à voter pour n’importe quel parti pouvant battre Russie Unie. Une tactique qui a déjà remporté un certain succès lors d’élections locales mais qui pourrait être mise à mal par la liquidation du mouvement de l’opposant.