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 La Chine réplique à Washington : la lutte antidrogue est une priorité nationale et nous ne sommes pas la source du chaos mondial

ALDAR / Sara Loukili

Au cœur d’une controverse grandissante entre Washington et Pékin, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Guo Jiankun, a tenu une déclaration remarquée en réponse à l’annonce des États-Unis concernant l’interception d’une cargaison massive de précurseurs chimiques en provenance de Chine et à destination du Mexique, prétendument destinée à alimenter les réseaux de trafic de drogue. Le responsable chinois a affirmé, lors d’une conférence de presse, que Pékin ne dispose d’aucune information sur l’affaire évoquée par Washington. Il a toutefois souligné que la Chine compte parmi les pays les plus stricts en matière de lutte contre la drogue, tant au niveau de la législation que des mécanismes de contrôle, rappelant que les autorités compétentes appliquent la loi avec la plus grande rigueur afin d’empêcher toute fuite de substances chimiques sensibles et de garantir le respect des normes réglementaires par les entreprises.

Selon les autorités américaines, l’opération sécuritaire récemment menée a permis la saisie de plus de 1 300 barils de produits chimiques divers, soit environ 331 tonnes, une quantité suffisante pour produire des centaines de milliers de livres de méthamphétamine, représentant une valeur marchande estimée à 569 millions de dollars. Il s’agirait, selon Washington, de la plus importante saisie jamais réalisée. Pékin considère cependant que le fait de lui attribuer une telle responsabilité reflète avant tout une volonté politique, plutôt qu’une approche objective d’un problème profondément enraciné aux États-Unis, notamment face à la crise du fentanyl qui coûte chaque année la vie à des dizaines de milliers de personnes.

Des recherches et rapports internationaux indiquent qu’une grande partie des précurseurs chimiques utilisés dans la production de méthamphétamine arrivent au Mexique via des circuits complexes, impliquant des sociétés écrans et des façades commerciales. Les cartels, notamment celui de Sinaloa, exploitent les failles des systèmes douaniers pour acheminer ces substances en échappant aux contrôles directs. Pour sa part, la Chine estime que la lutte contre ce fléau doit être collective et que les accusations portées contre elle ne feront qu’aggraver les tensions sino-américaines, au lieu de renforcer la coopération sécuritaire et judiciaire face à l’un des défis transnationaux les plus redoutables.

Ainsi, le dossier ne se limite plus à une simple affaire criminelle liée à la contrebande de produits chimiques, mais s’est transformé en un instrument de pression dans une confrontation politique et économique plus large entre les deux grandes puissances. Alors que les États-Unis insistent sur la nécessité d’endiguer les flux d’approvisionnement en provenance d’Asie, la Chine campe sur sa position : la solution ne réside pas dans l’échange d’accusations, mais dans l’édification de partenariats réels fondés sur le partage d’informations et une surveillance coordonnée des marchés mondiaux.

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