
ALDAR / Meryem Hafiani
La capitale chinoise, Pékin, a été le théâtre d’un imposant défilé militaire dirigé par le président Xi Jinping, à l’occasion du 80ᵉ anniversaire de la victoire de la Chine sur l’agression japonaise et de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Cet événement, qui dépasse largement le cadre commémoratif, a revêtu une forte dimension politique et militaire : la Chine y a présenté l’ensemble de ses forces modernes, allant des chars et missiles hypersoniques aux drones et systèmes de guerre électronique. Un spectacle où s’entremêlent démonstration de puissance technologique et mémoire nationale. Aux côtés de Xi Jinping, sur la tribune officielle, figuraient le président russe Vladimir Poutine et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, une image symbolique que les observateurs ont interprétée comme l’expression d’un nouveau pôle en gestation face à l’ordre international établi, d’autant plus marquée par l’absence de dirigeants occidentaux.
Dans son discours devant les foules, Xi a affirmé que le peuple chinois se tient aujourd’hui « du bon côté de l’Histoire », soulignant que son pays ne cherche pas l’hégémonie mais la promotion de la paix mondiale et de la coopération internationale. Une déclaration perçue comme une critique implicite des tendances unilatérales attribuées aux puissances occidentales. Le choix de la date n’était pas anodin : il coïncide avec la capitulation du Japon en 1945, un souvenir lourd de sacrifices humains, la Chine ayant perdu plus de 35 millions de personnes, morts et blessés, durant la guerre.
Pour de nombreux analystes, ce défilé relevait davantage d’un message de puissance politique et psychologique que d’une démonstration opérationnelle des forces armées. Mais il a aussi traduit la volonté ferme de Pékin d’occuper une place centrale dans la redéfinition de l’ordre mondial. Si la célébration a permis de raviver la fierté nationale liée à la mémoire de la résistance, elle a également constitué une annonce claire : la Chine n’est plus un simple spectateur sur la scène internationale, elle s’apprête à inaugurer une nouvelle ère où les équilibres de puissance porteront une empreinte asiatique indéniable.