
ALDAR/ Meryem Hafiani
L’ancien président sud-africain Jacob Zuma a prononcé un discours marquant depuis la capitale ghanéenne Accra, dans lequel il a réaffirmé son soutien ferme à l’unité territoriale du Maroc, en soulignant que l’initiative d’autonomie sous souveraineté marocaine constitue la seule solution réaliste pour mettre fin au conflit artificiel autour du Sahara. Cette prise de position publique et directe n’exprime pas seulement une conviction personnelle de Zuma, mais représente également une déclaration politique qui perturbe les calculs des adversaires du Maroc et met en lumière les divergences profondes au sein même de la scène sud-africaine.
Alors que le Congrès national africain (ANC), parti au pouvoir à Pretoria, reste attaché à son soutien au Front Polisario et à un discours dépassé, la position de Zuma révèle l’amorce d’une fissure dans le prétendu consensus que la direction officielle a tenté d’imposer depuis des décennies. L’ANC a longtemps présenté son appui au projet séparatiste comme une extension de “la solidarité révolutionnaire” de l’époque de la guerre froide. Or, il se retrouve aujourd’hui de plus en plus isolé sur le continent, après que des dizaines de pays africains ont tranché en ouvrant des consulats dans les villes de Laâyoune et Dakhla, reconnaissant ainsi de manière concrète la souveraineté du Maroc sur son Sahara.
Zuma, en tant qu’ancien chef d’État et acteur politique jouissant encore d’une large influence, a choisi de rompre avec ce discours figé, en adoptant une position pragmatique en phase avec les mutations que connaît l’Afrique. Il envoie ainsi deux messages essentiels : le premier à l’opinion publique sud-africaine, en affirmant que la poursuite du soutien à l’illusion séparatiste va à l’encontre des intérêts mêmes de l’Afrique du Sud, qui cherche à renforcer ses partenariats économiques et stratégiques sur le continent ; et le second à l’extérieur, en soulignant que le Maroc est désormais un acteur central de la stabilité régionale et du développement commun, et qu’il est irréaliste d’ignorer son poids géopolitique.
La contradiction entre la position de Zuma et celle de l’ANC illustre au fond un conflit entre deux approches : l’une, tournée vers le passé et prisonnière d’une “mémoire militante” désormais dépassée ; l’autre, tournée vers l’avenir et considérant le Maroc comme un partenaire indispensable à la construction d’une Afrique unie et capable de relever ses défis de développement. Alors que le parti au pouvoir à Pretoria persiste à défendre la thèse du Polisario, les déclarations de Zuma apparaissent comme l’annonce d’un nouveau courant politique en faveur d’une relecture des réalités sur le terrain, loin des anciens clivages idéologiques.
Cette division manifeste reflète également que l’Afrique du Sud ne dispose plus d’une position unique sur la question du Sahara. Tandis que le gouvernement officiel s’accroche à ses postures traditionnelles, des leaders politiques tels que Zuma défendent une vision plus conforme au contexte international actuel, dans lequel le Conseil de sécurité soutient régulièrement l’option de l’autonomie sous souveraineté marocaine comme solution pratique et réaliste.
Le discours de Zuma à Accra n’a donc pas été un simple avis personnel, mais un véritable événement politique, car il a accentué la fracture entre deux lignes en Afrique du Sud : une ligne passéiste misant sur une thèse révolue, et une ligne pragmatique émergente qui considère la marocanité du Sahara comme une réalité politique et géographique devant servir de base à tout partenariat interafricain fructueux. Ces déclarations envoient ainsi un message fort : l’avenir du continent ne peut être bâti sur des slogans désuets, mais sur des réalités concrètes qui placent le Maroc au premier plan de la scène africaine.