Par : Meryem Hafiani | ALDAR
Le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a annoncé le lancement d’un vaste plan national visant à généraliser le réseau 5G dans la majorité des villes marocaines, avec une couverture estimée à 85 % de la population d’ici 2030. Ce projet, dont le coût est évalué à environ 80 milliards de dirhams marocains (près de 8 milliards de dollars), constitue une avancée majeure dans le secteur des télécommunications et représente l’un des piliers essentiels du soutien à l’économie numérique nationale.
Cet investissement colossal s’inscrit dans une vision gouvernementale globale de modernisation des infrastructures numériques, dans le but de créer un environnement numérique avancé, propice à attirer les investissements, encourager l’innovation et renforcer les services électroniques dans divers secteurs : santé, éducation, transport, énergie…
Ce projet vient couronner la trajectoire du Maroc vers une économie numérique intelligente. Le pays avait déjà lancé plusieurs initiatives telles que le plan “Maroc Digital 2020” et la “transformation numérique de l’administration publique”. Toutefois, l’introduction de la 5G marque un tournant plus profond, grâce à ses capacités de connectivité ultra-rapide, sa réactivité quasi instantanée, et sa capacité à connecter simultanément un très grand nombre d’appareils. Cela ouvre la voie à des applications avancées comme l’intelligence artificielle, l’Internet des objets (IoT) et les villes intelligentes.
La généralisation du réseau 5G à 85 % de la population ne vise pas uniquement l’amélioration du débit internet pour les particuliers, mais constitue aussi un levier stratégique pour stimuler l’économie nationale. Elle permettra aux entreprises de développer des solutions intelligentes, d’améliorer leur efficacité productive, et d’explorer de nouveaux domaines tels que l’industrie connectée, la logistique intelligente, ou encore la transformation numérique de secteurs clés comme l’agriculture et le tourisme.
Sur le plan social, une couverture aussi large contribuera à réduire la fracture numérique entre les zones urbaines et rurales, à élargir les opportunités d’apprentissage et de travail à distance, et à faciliter l’accès aux services de santé électroniques, notamment dans les régions reculées.
Malgré son ambition, la réussite de ce plan reste conditionnée à la capacité des opérateurs télécoms à relever plusieurs défis, notamment la modernisation des infrastructures existantes, la sécurisation des réseaux, et la protection des données personnelles dans un contexte de forte dépendance aux mégadonnées. Des enjeux techniques persistent également, comme l’optimisation du spectre radioélectrique et les coûts liés au déploiement des nouveaux équipements.
Avec cette annonce, le Maroc rejoint un cercle restreint de pays africains qui ont mis en place des stratégies claires pour l’adoption de la 5G, aux côtés de l’Afrique du Sud, de l’Égypte et du Nigeria. Ce qui distingue le modèle marocain, c’est sa vision proactive et sa volonté politique de faire du numérique un moteur de développement durable, et non simplement un progrès technique.
Le projet de généralisation du réseau 5G au Maroc constitue ainsi un saut stratégique sur la voie de la transformation numérique. Sa réussite dépendra de la synergie entre le gouvernement, le secteur privé et la société civile. À l’approche de 2030, ce pari numérique représente bien plus qu’un simple investissement technologique : il s’agit d’un investissement dans l’humain marocain et dans l’avenir du pays tout entier.
