
ALDAR/ Meryem Hafiani
La tragédie d’Oued El Harrach n’a pas été un simple accident passager, mais une plaie béante qui a révélé l’incapacité du régime algérien à mettre en place un système de transport et des infrastructures capables de protéger la vie de ses citoyens. Ce drame n’est pas un cas isolé, mais bien le reflet d’une négligence systématique, où des milliards sont dilapidés dans des projets de prestige mis en avant par les médias officiels, tandis que la population demeure prisonnière de routes dégradées, de trains vétustes et de ponts menaçant de s’effondrer.
Le contraste devient saisissant lorsqu’on compare l’Algérie à ses voisins. Le Maroc, par exemple, a lancé en 2025 un vaste programme d’extension de son réseau ferroviaire d’une valeur de 96 milliards de dirhams (soit 10,3 milliards de dollars américains). Ce projet comprend une ligne à grande vitesse de 430 kilomètres entre Kénitra et Marrakech, avec des trains circulant à 350 km/h, réduisant le temps de trajet entre Fès et Marrakech à moins de trois heures, et assurant une liaison rapide entre la capitale et l’aéroport en seulement 35 minutes. Le Maroc a également obtenu un prêt français de 781 millions d’euros pour l’acquisition de 18 nouveaux trains à grande vitesse, en plus d’accords conclus avec l’Espagne et la Corée pour l’achat de 150 trains modernes. D’ici 2040, le réseau ferroviaire marocain couvrira 43 villes et desservira 87 % de la population, ce qui en fera l’un des plus développés du continent africain.
La Tunisie, malgré des moyens limités, a également franchi des étapes tangibles vers la modernisation de ses transports. La Banque européenne d’investissement a alloué 210 millions d’euros pour l’aménagement de l’axe routier reliant Sfax à Kasserine, tandis que le pays cherche à mobiliser 11,7 milliards de dollars dans le cadre de partenariats public–privé pour développer son réseau ferroviaire. Parmi ses projets figurent la modernisation des transports urbains de la capitale grâce au réseau ferroviaire rapide (RFR) et au renouvellement de la flotte, ainsi qu’un investissement de 230 millions de dollars de la Banque mondiale pour construire des corridors routiers reliant les régions intérieures au littoral, bénéficiant à environ 370 000 citoyens.
En revanche, le régime algérien se glorifie de projets comme l’autoroute Est–Ouest, qui a englouti 11 milliards de dollars et nécessité 17 ans de travaux, entachés par des accusations de corruption, alors que le réseau ferroviaire national ne dépasse pas actuellement 5 000 kilomètres, malgré des promesses jamais tenues d’atteindre 15 000 kilomètres d’ici 2030. Quant au métro d’Alger, qui a coûté des milliards, il ne couvre toujours que 18,5 kilomètres et ne dessert que la capitale, tandis que les autres villes souffrent d’un isolement asphyxiant.
Les chiffres ne mentent pas : le Maroc avance avec assurance vers un réseau couvrant la quasi-totalité de son territoire, la Tunisie investit intelligemment dans des projets à impact direct pour sa population, tandis que l’Algérie, malgré ses immenses ressources pétrolières, se contente de promesses creuses et d’une réalité en retard qui coûte la vie à des innocents.
La tragédie d’Oued El Harrach n’a donc pas seulement mis en lumière la fragilité des infrastructures, elle a également dévoilé la vacuité du discours officiel face aux succès des voisins. Tandis que le Marocain voyage à bord du train le plus rapide d’Afrique et que le Tunisien bénéficie de lignes modernes et sûres, l’Algérien continue de risquer sa vie chaque jour sur des routes meurtrières et des moyens de transport dépassés. Une contradiction qui illustre la misère d’un régime ayant gaspillé les richesses de son peuple dans la propagande au lieu du développement.