A LA UNEACTUALITE

De Tanger à Pékin : le livre Ainsi j’ai connu la Chine révèle la profondeur des liens historiques entre le Maroc et la Chine

ALDAR/

Dans son ouvrage remarquable Ainsi j’ai connu la Chine : témoignages du premier étudiant marocain, le docteur Mohamed Khalil, médecin et intellectuel marocain, retrace les contours d’une relation ancienne entre le Maroc et la Chine, à travers un récit personnel et profondément humain, mêlant littérature de voyage et documentation civilisationnelle. L’auteur ne se contente pas d’observer les mutations de la Chine contemporaine, il plonge également dans son histoire, en évoquant notamment le célèbre voyage d’Ibn Battûta vers l’Extrême-Orient, faisant ainsi de son livre une extension moderne de cette mémoire arabe ancrée au cœur de l’Asie.

a3b54ed1 162a 459d b24a 1f33a4455ec5 ab3f6221 4cf6 4293 b164 0621a748c526 89b05350 e29c 4451 aed2 9c52f86c0b21 9144c58d 28c6 4f0b 9931 251c0b34b01f cb0eef80 0547 4775 929d 93f464f9ab2e

Le Dr. Khalil navigue à travers les pages de son livre tel un explorateur redécouvrant un monde nouveau, offrant une image totalement différente de la Chine, souvent perçue comme lointaine et énigmatique dans l’imaginaire arabe. Il nous fait découvrir les détails de la vie quotidienne à Pékin dans les années 1980, depuis les tenues uniformes des citoyens jusqu’à la foule de bicyclettes envahissant les rues, et décrit avec une langue vivante les villes chinoises comme des tableaux animés chargés d’histoire.

Parmi les scènes marquantes du livre figure son récit de la visite au mausolée du leader Mao Zedong, devant le corps embaumé duquel il se tient, semblant dormir paisiblement. Une expérience qu’il qualifie de « crainte silencieuse » gravée à jamais dans sa mémoire. Il nous fait également découvrir la Grande Mosquée de Xi’an, l’une des plus anciennes de Chine, construite dans un style impérial unique, reflétant la profondeur du métissage entre l’islam et la culture chinoise depuis plus de mille ans, à l’époque du calife Othman Ibn Affan.

Le livre met en lumière de façon claire que les relations entre le Maroc et la Chine ne sont pas nées au cours des dernières décennies, mais qu’elles sont le prolongement de liens historiques et spirituels, renforcés à l’ère moderne par de nouveaux échanges scientifiques et culturels. Le Dr. Mohamed Khalil, premier Marocain à avoir étudié en Chine, ne s’est pas limité à un simple parcours académique, il est ensuite devenu un pont culturel entre les deux pays, présidant l’Association d’amitié et d’échange maroco-chinoise, et jouant un rôle important dans l’introduction de la médecine traditionnelle chinoise au Maroc.

Cette œuvre à la fois littéraire et documentaire, publiée par la Dâr al-Suwaidi à Abou Dhabi et l’Institut arabe de recherche et d’édition à Beyrouth, a remporté le Prix Ibn Battûta de la littérature de voyage dans sa 22e édition de l’année 2024, grâce à la qualité exceptionnelle de sa vision rare et documentée sur la Chine vue par un regard arabo-marocain. Le sinologue chinois Dr. Wang Yuyong a qualifié l’ouvrage de « documentaire écrit », tant il regorge de détails précis sur la vie quotidienne, les mutations sociétales et les relations humaines qui ont façonné l’expérience de l’auteur en Extrême-Orient.

Il n’est donc pas surprenant que le Dr. Khalil ait été honoré par le président chinois Xi Jinping du Prix des « Contributions exceptionnelles à l’amitié sino-arabe », en reconnaissance de son rôle dans le renforcement des liens de compréhension et de rapprochement culturel. Par sa voix, il a porté un message culturel au nom du Maroc, ravivant à travers son livre les racines d’une histoire commune, à un moment où le besoin de construire des ponts entre les civilisations se fait de plus en plus pressant.

Dans ce sens, Ainsi j’ai connu la Chine ne se résume pas à un simple récit personnel, mais constitue un véritable pont entre deux rives du monde, de Tanger à Pékin, d’Ibn Battûta à Mohamed Khalil, de la mémoire individuelle au patrimoine humain partagé, où l’expérience intime s’allie à une vision civilisationnelle fondée sur la reconnaissance de l’altérité, la célébration de la diversité, et la volonté de renforcer les liens entre les peuples à travers les mots, le savoir et l’ouverture.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page