Le rôle primordial de l’engagement du secteur privé dans l’action climatique a été mis en relief vendredi à New York, à l’occasion d’une réunion du Groupe des amis sur le changement climatique, qui a été co-présidée par l’ambassadeur, Représentant permanent du Maroc à l’ONU, Omar Hilale, et son homologue français, Nicolas de Rivière.
Cette réunion a vu la participation de la Directrice exécutive du Pacte mondial des Nations Unies, Sanda Ojiambo, du PDG du Groupe de l’Office chérifien des phosphates (Groupe OCP), Mostafa Terrab, et du PDG de la banque BNP Paribas America, Jean-Yves Fillion, ainsi qu’un parterre d’ambassadeurs de plusieurs Etats membres de l’ONU.
Intervenant à cette occasion, M. Hilale a souligné qu’une « planète saine est essentielle pour atteindre les objectifs de développement durable », relevant dans ce sens combien « il est fondamental pour le secteur privé de prospérer et d’être un véritable acteur de l’action climatique et de la création d’emplois. »
« Nous savons que les gouvernements ne peuvent à eux seuls faire face à la situation et éviter les pires impacts du dérèglement climatique », a-t-il dit.
Le diplomate s’est réjoui que « le secteur privé est en train de devenir un acteur clé de l’équation climatique internationale, et avec les acteurs étatiques et les autres parties prenantes, y compris la société civile, il peut transformer la reprise post-pandémie en une voie plus propre et plus verte ».
Sous le leadership visionnaire de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le Maroc, a indiqué M. Hilale, continue d’investir dans le climat en augmentant considérablement la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique, en réalisant une grande centrale solaire et de nombreuses centrales éoliennes, et en consolidant l’Initiative pour l’adaptation de l’agriculture africaine, et en assurant une meilleure gestion par le secteur agricole des risques liés au changement climatique et à la gestion de l’eau.
Dans cette optique, le Partenariat de Marrakech pour l’action climatique mondiale continue de soutenir la mise en œuvre de l’Accord de Paris en encourageant la collaboration entre les gouvernements, le secteur privé, les villes, les régions, et le secteur privé qui doivent agir pour le climat, a-t-il rappelé.
Dans son intervention, le PDG du Groupe OCP a prévenu contre les conséquences néfastes pour la planète si le système alimentaire mondiale maintient sa trajectoire actuelle, notant que 1,4 trillion de tonnes métriques de gaz à effet de serre seront émises uniquement par la production alimentaire d’ici 2100 si rien n’est fait.
« Ce n’est clairement pas viable. La décarbonisation du système alimentaire mondial est essentielle », a-t-il souligné.
En ce sens, M. Terrab a plaidé en faveur de l’amélioration des pratiques agricoles, notamment en Afrique, faisant observer que la fertilisation a « un rôle important à jouer à cet égard » pour « promouvoir une agriculture optimisée et intensive ».
« En s’assurant que l’agriculteur obtienne une meilleure récolte par hectare, nous ralentissons, de facto, la déforestation », a-t-il fait observer.
M. Terrab a ainsi indiqué que le Groupe OCP s’est engagé à atteindre zéro émissions nettes de carbone avant 2040, notant que l’entreprise marocaine a déjà réussi à tripler sa capacité industrielle en maintenant son empreinte carbone au même niveau à travers des investissements dans la logistique et les énergies renouvelables.
De même, il a plaidé en faveur de la promotion d’une « révolution verte « en Afrique, à l’instar de ce qui a été fait en Inde et au Brésil, « afin de garantir que nous puissions nourrir la planète tout en utilisant pleinement la capacité massive de séquestration du carbone de l’Afrique ».
« Nous devons développer des partenariats pour promouvoir cette révolution verte de manière concrète, en brisant les silos des institutions traditionnelles qui ont tendance à gérer les défis trop souvent à partir d’une perspective sectorielle », a-t-il dit, expliquant qu’une révolution verte nécessite l’adoption d’une « approche holistique ».
Pour sa part, la Secrétaire exécutive du Pacte mondial des Nations-Unies, Sanda Ojiambo, a affirmé qu’il « ne peut y avoir de solution à la crise climatique tant que les entreprises n’assument pas leur responsabilité pour la situation actuelle », soulignant également l’importance pour le secteur privé de saisir l’opportunité et le potentiel de contribuer à la transformation nécessaire pour « ramener l’économie mondiale vers le net zéro ».
« Les stratégies de mitigation des entreprises doivent adhérer à des principes sociaux et environnementaux robustes », a-t-elle plaidé, soulignant qu’un avenir d’énergie propre « ne doit jamais se faire au dépend des droits humains et de la protection de la biodiversité, d’où l’impératif d’une transition énergétique juste ».
Le PDG de BNP Paribas America, a indiqué, quant à lui, qu’il est essentiel de fixer des objectifs clairs en matière d’adaptation et de trouver le moyen de concilier la quête des profits et la réduction des émissions de GES.
« Nous devons trouver un équilibre entre les pertes possibles à court terme et les gains à long terme » pour le climat et la planète, a déclaré M. Fillion, notant qu’en tant qu’investisseur institutionnel, BNP Paribas a entrepris des actions visant à faire progresser la transparence dans les grandes compagnies pétrolières.