Le rendement attendu du nouveau modèle de développement (NMD) justifie une stratégie de financement volontariste, qui aborde les dépenses additionnelles comme des investissements dans l’avenir, a affirmé, mercredi à Rabat, le président de la Commission Spéciale sur le Modèle de Développement (CSMD), M. Chakib Benmoussa.
S’exprimant lors d’une conférence de presse consacrée à la présentation du rapport de la Commission, M. Benmoussa a relevé que cette stratégie, qui a une perspective de moyen-long terme, aborde les dépenses additionnelles comme des investissements dans l’avenir, en tenant compte de l’effet dynamique potentiellement généré par le NMD vers un cercle vertueux de croissance.
Selon le rapport de la CSMD, présenté mardi à Sa Majesté le Roi Mohammed VI par M. Benmoussa, les réformes et projets proposés dans le NMD nécessiteront des financements publics additionnels de l’ordre de 4% du PIB annuellement en phase d’amorçage (2022-2025) et de l’ordre de 10% du PIB en rythme de croisière à l’horizon 2030.
La question du financement du NMD est extrêmement importante, a noté M. Benmoussa, soulignant qu’il s’agit d’un déterminant fondamental du succès de ce grand chantier de transformation, en particulier en ces temps de pandémie du nouveau coronavirus (Covid-19) qui a frappé de plein fouet toutes les économies du monde.
Ainsi, ce nouveau modèle de développement, qui requiert la mobilisation de ressources financières conséquentes pour son amorçage et sa mise en œuvre, s’appuie, en plus des financements publics, sur une forte mobilisation de l’investissement privé à même de réaliser ses objectifs, a-t-il précisé, saluant au passage l’engagement grandissant de ce secteur dans l’effort d’investissement au Maroc.
Le secteur privé, à travers ses investissements, peut contribuer à une transformation sociale structurelle et à une plus grande création d’emplois, a estimé M. Benmoussa.
Le président de la CSMD a, en outre, noté que le recours à l’endettement à court terme devrait être utilisé pour financer de façon ciblée les projets et chantiers porteurs de développement structurel et de croissance à moyen-long terme, notamment dans le capital humain et la transformation structurelle de l’économie.
« Aujourd’hui, notre financement est principalement assuré par le secteur bancaire », a-t-il fait remarquer, mettant en avant l’importance de diversifier les mécanismes de financement (marché de capitaux, etc) à même de créer des conditions meilleures et propices à la croissance.
Il, a dans ce sens, indiqué que le recours à l’endettement pourra s’appuyer également sur les opportunités offertes par les opérations de gestion active de la dette, ainsi que par les opportunités de financements concessionnels et la panoplie de mécanismes de financement disponibles dans le cadre des partenariats internationaux.
Sur le volet fiscal, M. Benmoussa a insisté sur une fiscalité équitable et efficace, mobilisée comme un levier transverse au service du développement et orientée en faveur de la solidarité.
« Il faut être attentif à ne pas appliquer des fiscalités trop élevées à des secteurs ouverts à la concurrence mondiale. Les secteurs les plus protégés peuvent être soumis à des fiscalités plus larges », a-t-il mis en garde.
Il a, à ce propos, mis en avant l’importance des règles de transparence et de la relation de confiance à créer entre le système d’imposition et le citoyen, ajoutant que l’objectif étant d’arriver à une adhésion à l’impôt plus importante et à assurer une contribution équitable de tous les citoyens.
Le président de la CSMD a aussi insisté sur l’optimisation de l’emploi des ressources financières et leurs affectations selon les priorités, appelant à créer simultanément les conditions de soutien aux programmes sociaux et encourager les projets économiques qui participent à la transformation de l’économie.
Par ailleurs, la Commission estime que les transformations structurelles proposées par le NMD auront « un impact positif sur la croissance économique » et permettront la création de ressources supplémentaires pour financer les réformes proposées, en particulier si la priorité est donnée aux projets à impact fort et rapide, capables de collecter des revenus supplémentaires, qui à leur tour seront alloués au financement de projets à long terme nécessitant des budgets importants, selon M. Benmoussa.
Aussi, la CSMD estime que la mise en place du NMD nécessitera d’importantes ressources financières supplémentaires. S’agissant des réformes de nature structurée, notamment celles liées au capital humain et au développement social, les fonds peuvent être mobilisés en recourant à l’endettement et en mobilisant les partenaires et donateurs internationaux, a précisé le président de la Commission.
Pour ce qui est des projets liés au développement économique et aux infrastructures, la CSMD propose de mobiliser de nouvelles ressources en encourageant et en stimulant l’investissement privé, tant au niveau national qu’international, a ajouté M. Benmoussa.