Les ksour de la ville de Figuig, situés dans une vaste oasis verdoyante au milieu du désert du sud-est du Maroc, témoignent du génie humain dans son adaptation à un environnement rude, et d’une profondeur historique rehaussée par une identité architecturale unique forgée au fil des siècles.
Située dans l’extrême sud de la région de l’Oriental, la ville de Figuig comporte sept ksours connus localement sous les noms de “Loudaghir”, “Laabidate”, “Ouled Slimane”, “Lamaïz”, “Hammam Fougani “, “Hammam Tahtani” et “Zenaga”.
Ces ksours, qui constituent le noyau de la vie sociale et commerciale de Figuig, ne sont pas de simples groupements d’habitations, mais aussi des lieux qui regorgent d’histoires de coexistence entre différentes tribus, illustrant un métissage culturel entre des habitants ayant combiné les cultures amazighe et arabe avec une présence remarquable de la culture saharienne.
Reflétant l’authenticité et la richesse de la culture et du patrimoine architectural de la région, ces ksours se caractérisent par un design unique mettant en valeur la spécificité des oasis marocaines, tout en conservant des aspects authentiques qui les distinguent des autres ksours oasiens (des petits marchés, des mosquées et des lieux de rassemblement).
De forme rectangulaire ou circulaire, entourés de remparts dotés de tours de surveillance ayant joué un rôle défensif dans le passé, ils se distinguent également par une architecture adaptée au climat désertique de la région, avec des murs en pisé (mélange de terre et de paille) offrant une isolation thermique et maintenant la fraîcheur en été et la chaleur en hiver.
Les ksours de Figuig sont traversés par des ruelles étroites et sinueuses, facilitant les déplacements et offrant de l’ombre, atténuant ainsi les effets de la chaleur. Les maisons y sont accolées les unes aux autres et leurs murs présentent des petites ouvertures qui assurent une distribution équilibrée de la lumière et de l’air et procurent de la fraicheur. Elles sont décorées de motifs géométriques et végétaux simples, reflétant un goût artistique raffiné et le génie créatif des anciens artisans.
Taïeb El Jabri, membre de l’Association de Figuig pour le patrimoine et la culture des Oasis, a souligné dans une déclaration à la MAP que la région de Figuig se compose de plusieurs groupements d’habitations appelés “ksours”, résultat de transformations urbaines et architecturales qui s’étendent sur des siècles, précisant que leur nombre était autrefois estimé à 63, mais seuls sept sont restés.
Il a ajouté que les ksours sont construits en pisé et que la plupart des constructions ont été montées avec une terre particulière à cette région, des pierres, de la chaux, en plus de branches d’oléandre laurier-rose et du bois de palmier pour les toits et les fenêtres.
Selon lui, ces ksours se distinguent par la diversité de leurs ruelles, certaines étant traversantes, d’autres non, certaines sont couvertes alors que d’autres non, chacune ayant un rôle spécifique, de même, les maisons, qui comptent parfois jusqu’à trois étages, disposent de chambres indépendantes avec des portes spécifiques pour accueillir les invités, d’autres pour le stockage, ainsi que des espaces réservés aux animaux.
Figuig, a-t-il fait remarquer, est également connue pour la diversité de ses constructions et architectures, comprenant des mosquées, des zaouïas, des mausolées, des hammams souterrains et des structures militaires telles que les tours et les remparts protégeant les ksours.
Les ksour de Figuig se distinguent de ceux des autres oasis marocaines, comme ceux de Draâ et Tafilalet, par leur conception et leur adaptation à l’environnement local. Ils allient en effet un mélange d’architecture défensive et fonctionnelle, outre l’utilisation de techniques traditionnelles garantissant la durabilité. Aussi, leur relation étroite avec l’agriculture oasienne à travers des systèmes d’irrigation spécifiques renforce leur particularité.
L’architecture hydraulique est un autre élément distinctif de ces ksours qui comptent environ 36 sources d’eau et plusieurs hammams souterrains, dont notamment le hammam Titt N’Hafsa à Ksar Loudaghir, construit à l’époque mérinide au 7ème siècle de l’Hégire, et le hammam Fougani (Tajemmalt) considéré comme l’un des plus anciens.
Ces installations hydrauliques avaient une fonction particulière, étant situées près des mosquées pour se laver et faire les ablutions. Elles servaient également de lavoirs publics où les femmes venaient laver le linge, en plus de leur valeur culturelle symbolique, puisque la tradition voulait que les jeunes mariés se baignent dans ces hammams avant la cérémonie de mariage.
Les ksours de Figuig, bien plus que de simples constructions, sont un témoin vivant d’une histoire et d’une civilisation anciennes. Ils incarnent l’histoire de la lutte de l’homme pour la survie et l’adaptation à son environnement difficile, et portent en eux une valeur symbolique liée à l’identité culturelle du Royaume, constituant ainsi un patrimoine humain que nous devons préserver pour les générations futures.
source : map