L’Algérie devra se situer dans la fourchette « très haute des déséquilibres macroéconomiques » de la région en raison notamment de l’aggravation de son déficit budgétaire et courant, selon les dernières prévisions du groupe bancaire français « Crédit Agricole ».
« Avec plus de 11% du PIB à la fois pour le déficit budgétaire et le déficit courant, l’Algérie se situera dans la fourchette très haute des déséquilibres macroéconomiques de la région », a précisé le groupe dans sa dernière publication « Perspectives », citée par les médias algériens.
Tout en faisant savoir que le chômage devrait se situer à 13,6%, il a relevé que les mesures sanitaires, les confinements successifs et la faiblesse des prix du pétrole (42 dollars par baril) sur l’ensemble de l’année ont eu des effets « très dommageables » sur l’économie algérienne.
D’après le groupe bancaire français, les effets combinés de la baisse des volumes d’hydrocarbures produits en 2020 (-9%), liée à celle des prix (-35%), ont fortement contracté le produit intérieur brut (PIB) pétrolier, tandis que le PIB hors pétrole devrait également connaître une récession.
« L’ensemble des composantes de la croissance est en territoire négatif : la consommation des ménages et celle des entités gouvernementales devraient se contracter de 7%, de même que la production industrielle, tandis que la chute des investissements et des exportations pourrait, pour sa part, dépasser les 13% sur l’année 2020 », constate « le Crédit Agricole ».
Au total, le groupe prévoit une récession qui devrait dépasser les 8%, bien au-delà de la moyenne des pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord qui devrait s’établir à 5%.
Cette forte récession entraînera un creusement des déficits budgétaire et courant, a-t-il estimé.
Comme au cours des années passées depuis 2014, a-t-il fait observe, « l’impact mécanique sera constaté tout d’abord sur la hausse de la dette publique qui devrait progresser de 46 % à 60 % du PIB, une hausse de 14 %, elle aussi supérieure à la moyenne régionale (10%), mais inférieure à celle des pays d’Europe (environ 20%) ».
Ensuite, ajoute-t-il, en l’absence de dette externe, « le déficit courant s’est, d’ores et déjà, traduit par une chute des réserves en devises qui se sont établies à 48,9 milliards de dollars à fin 2020, une chute de 14,4 milliards de dollars, soit de 23% par rapport à fin 2019 ».
Ces réserves représentent, toutefois, toujours un tiers du PIB à fin 2020, a-t-il rappelé, soulignant que « ces déséquilibres très profonds ont eu évidemment un impact sur le change ».
Selon le Crédit Agricole, au cours de l’année 2020, le dinar algérien s’est déprécié de 11% par rapport au dollar américain et de 21% par rapport à l’euro qui, lui, s’est réapprécié par rapport à la devise américaine.
« La Banque centrale devrait continuer d’essayer de contenir la baisse du change pour éviter de l’inflation importée », a estimé le groupe bancaire français, qui relève que « malheureusement, les incertitudes sur l’atténuation rapide de la pandémie et la pérennité de la hausse des prix du pétrole laissent planer des doutes sur la vigueur de la reprise.
De plus, cette reprise ne sera pas suffisante pour faire baisser significativement les déficits jumeaux, indique la même institution, notant que l’Algérie devrait connaître encore des « années d’incertitude économique et de hausse de son endettement public, tant que son modèle d’économie rentière restera aussi inadapté à la situation actuelle ».
Le groupe bancaire français fait état d’une situation sociale et politique défavorable à la mise en œuvre de mesures impopulaires qui demandent des sacrifices à la population.
« C’est pourtant sur le front des réformes de structure que le gouvernement devra s’atteler pour améliorer significativement la compétitivité de l’économie hors pétrole, réduire l’économie informelle et créer un environnement favorable au développement de l’entreprise privée », , soutient-il.