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UBS va avaler la branche helvétique de Credit Suisse et supprimer 3.000 emplois

Le géant bancaire UBS va absorber la branche helvétique de Credit Suisse, qui avait fait la réputation de la banque plus que centenaire, et supprimer plus de 3.000 postes en Suisse pour redresser son ex-rivale.

Après avoir soupesé plusieurs options, dont celle d’une scission, UBS a décidé d’intégrer complétement la branche helvétique de Credit Suisse, qui regroupe sa banque de détail, prêts hypothécaires et crédits aux entreprises suisses.

En conséquence, quelque « 1.000 postes » vont être supprimés en Suisse d’ici à fin 2024, a indiqué Sergio Ermotti, le patron d’UBS, lors d’une conférence jeudi à l’occasion de la publication des résultats du deuxième trimestre. S’y ajouteront « 2.000 » suppressions d’emplois supplémentaires dans les années à venir, compte tenu de la « restructuration profonde » qui doit être menée pour redresser l’ex-rivale.

En mars, sous la pression des autorités suisses, UBS avait accepté de racheter Credit Suisse pour seulement 3 milliards de francs suisses afin d’éviter sa faillite.

La fusion a été finalisée en juin. UBS entend parachever l’essentiel de l’intégration d’ici à fin 2026. Pour cette date, le groupe vise 10 milliards de dollars d’économies dans ce qui s’avère être une des fusions bancaires « les plus complexes de l’histoire », selon M. Ermotti.

L’absorption de cette branche helvétique est une décision épineuse pour UBS à l’approche d’élections en Suisse en octobre, en raison de ses répercussions sur l’emploi.

Considérée comme une pépite, cette branche est celle qui avait le mieux résisté en 2022, lorsque Credit Suisse essuyait des retraits massifs de fonds.

Son chiffre d’affaires n’avait alors reculé que de 5%, contre une dégringolade de 54% dans sa banque d’affaires et de 30% dans la gestion de fortune.

Elle est étroitement liée à l’histoire économique de la Suisse, notamment pour avoir financé le rail ainsi que les débuts de Nestlé ou Swiss Re.

C’est une « marque forte », a reconnu M. Ermotti, mais elle fait partie d’un « écosystème » qui n’était « plus viable ».

Depuis la fusion, UBS a mené une analyse approfondie de sa rivale, secouée par des scandales à répétition, ce qui a confirmé que ses activités étaient « profondément viciées », a souligné M. Ermotti. Il ne s’agissait pas seulement d’une question de liquidités, mais de « confiance » et Credit Suisse n’était plus en mesure de survivre « par elle-même ».

Au yeux du patron d’UBS, cette intégration est « la meilleure solution » parmi les sept scénarios envisagés.

C’est « une journée très triste pour les employés du Credit Suisse qui ont fait preuve d’une très grande loyauté », a déclaré à l’AFP Claudine Esseiva, porte-parole de l’Association suisse des employés de banque (Aseb).

Au total, les deux banques employaient ensemble environ 120.000 collaborateurs dans le monde fin 2022, dont 37.000 en Suisse, mais les départs se sont multipliés depuis l’annonce de leur fusion. Les doublons sont nombreux en Suisse entre la centaine d’agences de Credit Suisse et les 200 d’UBS.

Les marchés ont eux salué cette décision. Vers 10H40 GMT, l’action d’UBS bondissait de 5,10% à 23,29 francs suisses.

Cette intégration de la branche helvétique de Credit Suisse était « amplement attendue », a réagi Andreas Venditti, analyste chez Vontobel dans un commentaire boursier. La banque a rassuré notamment sur la stabilisation des flux de capitaux, mais une tâche « énorme » l’attend encore, a-t-il prévenu.

Au deuxième trimestre, la première banque de Suisse a engrangé un bénéfice net de 29,2 milliards de dollars, sans comparaison avec celui de 2,1 milliards de dollars dégagé au deuxième trimestre 2022, en raison de nombreux éléments exceptionnels découlant de cette fusion, a-t-elle dit jeudi dans un communiqué.

Credit Suisse a essuyé pour sa part une perte trimestrielle avant impôts de 8,9 milliards de francs suisses (9,2 milliards d’euros). Si sa division de gestion de fortune a continué de souffrir de sorties de fonds, les retraits ont ralenti, le solde redevenant « positif » grâce à de nouveaux afflux d’argent en juin, selon le communiqué.

En pratique, UBS et Credit Suisse continueront de mener leurs activités séparément en Suisse jusqu’à leur fusion prévue en 2024. Les deux marques seront conservées jusqu’à la migration des clients vers les systèmes d’UBS en 2025 et maintiendront leurs activités de sponsoring sportif.

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