La vocation africaine des entreprises marocaines va prendre un nouvel élan avec l’entrée en vigueur de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF). Dès la levée des barrières douanières, c’est un marché de 1,2 milliard de personnes auquel auront accès les entreprises marocaines, représentant un produit intérieur brut (PIB) total de 2.500 milliards de dollars.
Qualifiée de la plus grande zone de libre-échange du monde depuis la création de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), la ZLECAF vient corriger le ralentissement du niveau des échanges entre pays du même continent, lequel niveau compte parmi les plus faibles à l’échelle mondiale.
A en croire des chiffres du Conseil économique social et environnemental (CESE), la part des échanges au Maroc avec le reste du continent ne dépasse pas les 4%, alors que le potentiel des marchés africains et le dynamisme économique de l’Afrique ne sont plus à démontrer.
Le continent demeure une source intarissable et une terre d’opportunités pour les entreprises marocaines qui sont incitées plus que jamais à poursuivre leur percée, se réinventer et revoir leur modèle économique pour renforcer davantage leur présence.
Ceci étant, ces entreprises ont joué un rôle précurseur en Afrique, notamment au volet du développement des infrastructures socio-économiques de base et dans les secteurs de services. Certains opérateurs nationaux ont continué d’étendre et de diversifier leurs activités à d’autres secteurs porteurs, notamment les engrais, l’immobilier, l’industrie, le commerce et la distribution.
Dans son 4ème Baromètre du Développement International (BDI), la société de Conseil BearingPoint constate que la majorité des entreprises marocaines adopte le même modèle économique pour son développement sur le continent, notant que les grandes entreprises marocaines implantées en Afrique continuent d’opérer selon les modèles classiques de détenteurs d’actifs ou de fournisseurs de services.
La récente étude, qui analyse les stratégies de développement des entreprises marocaines en Afrique, relève toutefois que certaines entreprises marocaines développent de nouvelles initiatives, laissant présager l’adoption de modèles économiques nouveaux et complémentaires.
C’est notamment le cas des banques marocaines implantées en Afrique et devant faire face au bouleversement du marché bancaire africain depuis la révolution numérique, l’explosion du paiement mobile et l’émergence de FinTech continentales, poursuit l’étude qui a été publiée sous le titre « Quels modèles économiques et modes opératoires pour l’implantation des entreprises marocaines en Afrique? ».
Ceci dit, quelques entreprises commencent à développer des initiatives innovantes en termes d’hybridation, qui est considérée comme un vecteur de croissance par ces entreprises, d’après la même source.
Ainsi, la moitié (54%) des professionnels d’entreprises marocaines se développant en Afrique ayant pris part à cette enquête réfléchit à faire évoluer le modèle économique des entreprises vers un modèle complémentaire ou hybride afin de générer plus de croissance.
S’agissant des perspectives, il en ressort que l’évolution des entreprises marocaines en Afrique tend plutôt vers le développement de nouveaux modèles économiques, sur la décennie à venir.
Un peu plus de la moitié des entreprises marocaines interrogées est prête à faire évoluer son modèle pour être complémentaire, ce qui correspond aussi souvent à la prise en compte de spécificités locales, ou en entamant une refonte plus profonde de son modèle économique, pour un peu moins d’une entreprise sur cinq, souligne l’étude, ajoutant que la prise de risque est plus grande pour ces entreprises.
Dans le détail, l’enquête révèle que 36% des répondants ambitionnent de développer un nouveau modèle économique complétant les activités cœur de métier et 18% pensent à changer de modèle économique pour leur développement sur le continent, contre 46% des entreprises marocaines du panel qui ne prévoient pas d’évolution de leur modèle économique en Afrique.
Ces chiffres montrent une vraie ambition des entreprises marocaines, compte tenu du risque que représente le développement international pour ces entités, puisqu’il s’agit de développer de nouveaux marchés, avec d’autres environnements notamment juridiques, linguistiques, monétaires.