D’Abu Dhabi au Caire puis Paris… Une lecture posée des déplacements du roi Mohammed VI et de leurs dimensions diplomatiques
D’Abu Dhabi au Caire puis Paris… Une lecture posée des déplacements du roi Mohammed VI et de leurs dimensions diplomatiques

ALDAR/ Iman Alaoui
Les dernières semaines ont été marquées par une activité diplomatique notable du roi Mohammed VI à l’étranger, révélant une dynamique réfléchie et minutieusement calibrée. Après un séjour d’environ vingt-deux jours aux Émirats arabes unis, suivi d’un bref passage d’une journée en République arabe d’Égypte, le souverain est arrivé en France pour une visite qualifiée de privée. Une visite à dimension personnelle en apparence, mais qui ouvre la voie à des analyses politiques et à des interprétations stratégiques que l’on ne saurait ignorer.
Le long séjour aux Émirats n’était pas une simple étape protocolaire. Il s’inscrivait dans un contexte d’approfondissement d’un partenariat stratégique solide entre Rabat et Abou Dhabi, porté par une convergence grandissante sur plusieurs dossiers régionaux, ainsi que par une accélération des investissements émiratis au Maroc, notamment dans les domaines de la technologie, des énergies renouvelables et des projets économiques d’envergure. Acteur majeur du nouvel échiquier mondial, les Émirats considèrent aujourd’hui le Maroc comme un hub stratégique tourné vers l’Afrique et comme un point d’ancrage essentiel dans les domaines énergétiques, logistiques et économiques.
Le passage éclair au Caire, bien que limité dans le temps, n’est pas dépourvu de sens politique. La coordination maroco-égyptienne connaît une progression régulière sur des dossiers sensibles, parmi lesquels la relation du monde arabe avec l’Afrique subsaharienne, les équilibres régionaux et le rôle respectif des deux pays au sein de la Ligue arabe et dans diverses plateformes internationales.
Enfin, la France constitue la troisième étape de ce déplacement, dans une conjoncture singulière. Les relations franco-marocaines ont connu ces derniers mois une dynamique positive et un rapprochement notable. Même si le séjour est officiellement présenté comme privé, sa portée symbolique demeure significative et pourrait s’inscrire dans la consolidation d’un dialogue renouvelé entre Rabat et Paris.
Ce déplacement révèle un changement d’approche stratégique : le Maroc semble désormais privilégier une diversification maîtrisée de ses alliances, loin du schéma classique de dépendance vis-à-vis des centres historiques européens, tout en maintenant un équilibre relationnel avec ses partenaires traditionnels. Cette tournée, marquée par des étapes choisies et un rythme mesuré, illustre cette vision diplomatique nouvelle, faite de prudence, de calcul et de continuité.
Ce voyage royal ne constitue donc pas un simple déplacement protocolaire, mais une composante d’une reconfiguration plus large de la diplomatie marocaine à l’heure des transformations géopolitiques globales. Le Maroc n’est plus en quête de place dans l’ordre international : il la redéfinit, à travers des choix assumés — souverains dans la décision, équilibrés dans les alliances et pragmatiques dans les dossiers.
Et si cette tournée a débuté dans le Golfe, s’est poursuivie au Caire et se poursuit désormais à Paris, son message principal s’impose clairement :
Le Maroc avance selon une vision. Pas en réaction aux événements.




