ALDAR/ Ghita Hafiani
Paris s’apprête à vivre un événement inédit dans le paysage politique nord-africain. Le 14 décembre 2025 sera marqué par la proclamation officielle de l’indépendance de la Kabylie, lors d’une cérémonie qualifiée par ses organisateurs de « moment historique » et d’étape charnière dans un processus entamé depuis plus de vingt ans par le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK) et le Gouvernement provisoire kabyle en exil (Anavad).
Selon le dossier de presse publié par les organisateurs, cette proclamation est présentée comme une démarche légitime fondée sur le droit international, la Charte des Nations unies et les résolutions relatives au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, notamment la résolution 1514 et la résolution 2625. Le document souligne également un avis juridique indépendant rendu en 2024 par les cabinets Brick Court Chambers et Twenty Essex Chambers, affirmant que le peuple kabyle remplit toutes les conditions juridiques internationales lui permettant de proclamer un État souverain.
Les organisateurs précisent que cette déclaration ne constitue ni un acte hostile à l’égard de l’Algérie ni une remise en cause des frontières, mais qu’elle s’inscrit dans ce qu’ils qualifient de « processus pacifique, démocratique et juridiquement encadré ». Ils invoquent notamment l’absence de réponse politique, la répression, les arrestations ciblant des militants et la classification du mouvement comme organisation terroriste par Alger.
Le communiqué rappelle que cette proclamation est l’aboutissement d’un long parcours : la crise de 2001, la création d’Anavad en 2010, le dépôt d’un mémoire officiel auprès de l’ONU en 2017, la mise en place du parlement kabyle (Imni) en 2020, puis la validation de la déclaration d’indépendance en octobre 2025, d’abord par un congrès extraordinaire du mouvement, puis par le Parlement.
La cérémonie se déroulera à Paris entre 13 h et 17 h en présence de diplomates, universitaires, représentants de la société civile kabyle et personnalités internationales. L’événement sera retransmis en direct sur les plateformes officielles du gouvernement en exil afin de permettre aux Kabyles et aux observateurs internationaux de le suivre. Le lieu exact ne sera communiqué qu’aux journalistes et invités accrédités, les cartes d’accès devant être envoyées avant le 5 décembre 2025.
Dans une lettre datée du 17 novembre 2025, Ferhat Mehenni, président du MAK et du gouvernement en exil, a souligné que cette date représente, selon lui, « le moment où un peuple affirme pacifiquement son existence et sa souveraineté ». Il affirme que le peuple kabyle « fait entendre sa voix pour la liberté et ses droits, sans chercher l’hostilité ou la confrontation ».
L’événement suscite déjà un vif débat en Algérie et au-delà : certains y voient un tournant stratégique susceptible de remodeler les équilibres régionaux, tandis que d’autres l’interprètent comme une initiative symbolique sans portée concrète immédiate. Quoi qu’il en soit, la date du 14 décembre 2025 restera inscrite dans les archives politiques, que la communauté internationale la reconnaisse ou l’ignore.
Tous les regards se tournent désormais vers Paris, où le mouvement dit s’apprêter à écrire un chapitre que l’histoire aurait retardé. Reste une question essentielle : cette proclamation marque-t-elle la naissance d’une nouvelle réalité politique ou n’est-elle qu’une étape supplémentaire dans un processus encore loin de son dénouement ?
