ALDAR/ Iman Alaoui
Dans un développement politique marquant, Ferhat Mehenni, président du Gouvernement provisoire kabyle en exil et chef du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), a dévoilé les étapes pratiques qui devraient mener, selon sa vision, à la proclamation de l’indépendance de la Kabylie vis-à-vis de l’Algérie.
Dans un entretien diffusé le dimanche 7 septembre, Mehenni a présenté les priorités de son gouvernement en exil, affirmant que la prochaine phase sera consacrée à une large consultation de la base militante autour de la question d’une « déclaration unilatérale d’indépendance ». Il a fixé au 19 octobre 2025 la date d’un congrès extraordinaire du mouvement, au cours duquel le projet de déclaration sera soumis à ses partisans. En cas d’approbation, le texte sera ensuite transmis au « Parlement kabyle en exil » (Imni Aqvayli) pour amendement et adoption.
Le moment fort a été fixé par Mehenni au 14 décembre 2025, date retenue pour proclamer officiellement l’indépendance. Ce jour a été choisi car il coïncide avec l’anniversaire de la résolution 1514 adoptée en 1960 par l’Assemblée générale des Nations Unies sur la décolonisation et l’octroi de l’indépendance aux peuples colonisés. Mehenni considère ce texte comme une référence applicable à la situation de la Kabylie, laquelle, selon lui, « se trouve colonisée par l’État algérien depuis l’indépendance de 1962 ».
Le Mouvement MAK trouve ses racines au début des années 2000, lorsque Ferhat Mehenni l’a fondé en 2001 dans le contexte du « Printemps noir », une vague de violences qui a secoué la Kabylie après la mort d’un jeune dans une brigade de la gendarmerie nationale, et qui a fait plus de 120 morts et des milliers de blessés. Depuis, le mouvement est passé de la revendication de la reconnaissance de l’identité amazighe et de l’élargissement de l’autonomie à la revendication d’une sécession totale et de la création d’un État kabyle indépendant.
Alors que les autorités algériennes qualifient le MAK d’« organisation séparatiste terroriste » menaçant l’unité et la stabilité du pays, Mehenni et ses partisans insistent, eux, sur leur image de mouvement de libération visant à mettre fin à un « colonialisme intérieur », dénonçant la marginalisation de l’identité amazighe dans le cadre de politiques centralisées rigides.
Les observateurs soulignent qu’une déclaration unilatérale d’indépendance de la Kabylie serait avant tout symbolique plutôt qu’opérationnelle, en raison de l’absence probable de reconnaissance internationale et du contrôle sécuritaire strict exercé par l’Algérie sur la région. Néanmoins, le choix de dates précises et leur association à des références onusiennes traduit la volonté de Ferhat Mehenni d’internationaliser la question et de maintenir le dossier kabyle dans l’agenda politique et médiatique mondial.
