USA : Une équipe dirigée par une astrophysicienne marocaine découvre un nouvel astre céleste

Une équipe d’astrophysiciens du centre de recherche américain “Southwest Research Institute” (SwRI), dirigée par la scientifique marocaine Maryame El Moutamid, a découvert récemment un petit astre céleste, inconnu jusqu’ici, gravitant autour d’Uranus, septième planète du système solaire.
El Moutamid et son équipe composée de sept scientifiques pluridisciplinaires ont décelé ce petit satellite, qui gravite autour de la géante planète glacée Uranus, au cours d’un programme d’observation effectuée à l’aide du puissant télescope spatial James Webb (JWST) de l’Agence américaine de l’espace NASA.
Cette découverte fascinante, annoncée officiellement cette semaine par le SwRI, a été faite à travers l’analyse d’une série d’images prises le 2 février 2025 à l’aide du télescope de la NASA. Elle porte à 29 le nombre total de satellites connus d’Uranus.
“Il s’agit d’une découverte importante pour la compréhension du système compact d’Uranus, où les satellites sont très proches les uns des autres, créant des perturbations gravitationnelles qui rendent le système instable à long terme”, souligne le docteur El Moutamid dans une interview à la MAP.
A long terme, a-t-elle expliqué, ces satellites entreront en collision et formeront des anneaux plus massifs qui, à leur tour, s’étaleront et créeront de nouveaux satellites, concevant un cycle répétitif d’environ 50 millions d’années.
“De ce fait, cette découverte aide à comprendre l’échelle de temps de cette instabilité et la composition du système primordial d’Uranus”, a relevé la scientifique marocaine, qui, à 41 ans, occupe les fonctions de scientifique principale au Southwest Research Institute et de principale investigatrice d’un programme d’observation d’Uranus mené par le JWST.
Interrogée sur son parcours académique et scientifique, Maryame El Moutamid a confié avoir fréquenté l’école publique marocaine avant de partir en France où elle a notamment décroché son doctorat, et aux Etats-Unis où elle a exercé en tant que post-doctorante à la prestigieuse université Cornell à New York.
Cette native d’Essaouira, qui a salué la “qualité” du système éducatif marocain, a tenu à encourager les jeunes Marocaines et Marocains qui s’intéressent à l’espace à “foncer, à ne jamais se sous-estimer et à saisir les opportunités de travailler avec des scientifiques du monde entier”.
Revenant sur les détails de sa nouvelle découverte, elle a précisé que cet astre céleste de seulement 10 km de diamètre est “le plus petit satellite d’Uranus découvert à ce jour”.
Il a été détecté dans une série de 10 longues expositions de 40 minutes obtenues par une caméra proche infrarouge, conçue pour capturer et détecter la lumière dans la région du proche infrarouge du spectre électromagnétique, qui se situe juste au-delà de la lumière visible.
Une zone bien en dessous du seuil de détection des caméras de la sonde Voyager 2, l’unique vaisseau spatial à avoir visité Uranus jusqu’à présent, s’approchant à moins de 80 000 km de la surface de ses nuages en 1986.
La sonde avait collecté des milliers d’images, découvrant des anneaux et de petits satellites, dont 10 de ses lunes nommées.
Les 28 satellites d’Uranus comprennent cinq lunes principales — Titania, Oberon, Umbriel, Ariel et Miranda — découvertes entre 1787 et 1948. Connues sous le nom de “lunes littéraires”, les satellites d’Uranus portent le nom de personnages de Shakespeare et des œuvres d’Alexander Pope.
Le nouveau satellite se trouve à la lisière des anneaux intérieurs d’Uranus, à environ 56 250 km de son centre dans le plan équatorial de la planète, entre les orbites d’Ophelia et de Bianca.
Située dans le système solaire externe, Uranus est surnommée la “planète couchée”. Maryame El Moutamid dit justement avoir choisi de l’étudier car il s’agit d’une “planète mal connue” avec un axe de rotation incliné à plus de 90° par rapport à son plan orbital, ce qui facilite l’observation des anneaux et des satellites.
Cette planète de couleur cyan possède une atmosphère dense composée d’hydrogène, d’hélium et de méthane. Les scientifiques pensent que les plus grands satellites d’Uranus sont composés à parts égales de glace d’eau et de roche silicatée.
Une autre raison d’étudier Uranus est la nature étroite et bien confinée de ses anneaux, qui nécessitent un mécanisme de “chien de berger” pour empêcher la dispersion des particules, a soutenu la scientifique marocaine qui reste convaincue que sa nouvelle découverte ouvrira la voie à d’autres.
Maryame El Moutamid a confié que son objectif à moyen terme est de mener une mission spatiale non habitée autour de la planète Saturne pour étudier ses anneaux et satellites, notamment ceux qui contiennent des océans liquides, afin de comprendre leur formation géologique et leur évolution dynamique.