
Par Ghaïtha Hafiani -ALDAR
Dans le monde du football moderne, les grandes distinctions, à commencer par le Ballon d’Or, ne se jouent plus uniquement sur le terrain. Elles dépendent désormais de systèmes intégrés mêlant influence médiatique, diplomatie sportive et marketing stratégique. C’est dans ce contexte que la candidature de l’international marocain Achraf Hakimi apparaît comme une opportunité rare et exceptionnelle, qui ne devrait en aucun cas être négligée. Elle exige une mobilisation nationale structurée afin de lui assurer une place légitime parmi l’élite mondiale.
Alors que de grandes nations s’empressent de promouvoir leurs candidats à travers des canaux médiatiques professionnels et des réseaux de relations publiques internationaux, le dossier marocain reste en retrait, en dépit du fait que Hakimi possède tous les atouts pour concourir sérieusement à ce prestigieux trophée : une performance constante et de haut niveau avec le Paris Saint-Germain, une Coupe du Monde 2022 brillante au Qatar, ainsi qu’une présence continentale et internationale remarquable, qui font de lui l’un des meilleurs défenseurs du football moderne.
Cependant, la réalité impose un constat : la valeur technique ne suffit plus dans une course comme celle du Ballon d’Or. Les pays qui maîtrisent les nouvelles règles du jeu mobilisent leurs médias publics et privés, tissent des alliances – discrètes ou officielles – avec les principales institutions de vote, et concluent des contrats avec des agences de relations publiques internationales afin de construire l’image parfaite de leur star au sein des cercles d’influence.
Au Maroc, les dernières semaines ont été marquées par de nombreux appels en faveur d’une intervention décisive du président de la Fédération Royale Marocaine de Football, Fouzi Lekjaa, reconnu pour sa capacité d’influence au niveau régional et international. Ces appels ne se contentent plus de louer les qualités de Hakimi, ils réclament une action institutionnelle concertée, allant de la constitution d’un dossier de candidature professionnel au lancement d’une dynamique médiatique ciblée à l’échelle internationale, visant les journalistes votants et les institutions de notation.
Il ne serait pas exagéré d’affirmer que le Maroc dispose aujourd’hui de tous les outils nécessaires pour mener cette bataille avec force :
•Une large base de supporters actifs à travers le monde,
•Des médias sportifs multi-plateformes mobilisables,
•Des relations solides avec la FIFA, la CAF et la Fédération française,
•Une capacité institutionnelle et financière permettant de travailler avec des agences RP internationales de haut niveau.
Ne pas capitaliser sur ces atouts à temps pourrait signifier gâcher une opportunité historique — une opportunité qui ne se reproduira pas de sitôt, au vu de la symbolique que représente Hakimi : le premier Marocain depuis des décennies à frôler les sommets du Ballon d’Or, et l’un des plus éminents ambassadeurs du Royaume sur la scène sportive mondiale.
Parallèlement, la presse nationale est, elle aussi, appelée à revoir sa manière d’aborder ces enjeux. Au lieu de se limiter à une couverture factuelle, elle se doit de s’engager dans une campagne réfléchie, continue et multilingue, nourrie de tribunes, d’analyses approfondies, et même de contacts directs avec les journalistes internationaux influents.
Soutenir la candidature de Hakimi n’est pas seulement une manière de rendre hommage à un joueur talentueux. C’est aussi un pari sur l’image sportive du Maroc à l’échelle internationale, sur sa capacité à fabriquer des icônes, et à concourir pour les distinctions les plus prestigieuses — à l’instar de l’Argentine, de la France ou du Brésil.
Alors, verra-t-on un engagement officiel sous la houlette de Lekjaa ? Et les médias marocains deviendront-ils une véritable force d’influence au service d’un joueur de la trempe mondiale d’Achraf Hakimi ? La réponse façonnera sans doute l’avenir de la diplomatie sportive marocaine, et reflétera la capacité du pays à remporter des victoires hors du terrain, tout autant que sur le terrain.