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Il y a un quart de siècle, précisément en l’an 2000, le Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC) a été lancé depuis la capitale chinoise Pékin, marquant une étape historique dans les relations entre la Chine et les pays du continent africain. Ce forum ne s’est pas limité à un simple cadre diplomatique ou économique passager, mais a jeté les bases d’un partenariat stratégique fondé sur le respect mutuel, des résultats concrets et une solidarité historique. Aujourd’hui, après 25 ans de travail continu, ce forum est devenu un modèle exemplaire de coopération Sud-Sud et une illustration de ce que peuvent être des partenariats équitables, loin de l’héritage colonial et de la dépendance.
Les initiatives chinoises en Afrique se sont distinguées par une approche à la fois pratique et humaine, à l’opposé des anciennes puissances coloniales dont les relations avec le continent reposaient sur l’exploitation et la domination. Au lieu d’imposer des conditions ou d’appliquer des politiques d’austérité comme celles prônées par le « consensus de Washington », la Chine a choisi de soutenir le continent dans sa quête de souveraineté politique et économique, y compris durant les périodes où Pékin traversait encore sa propre phase de développement interne.
Lorsque l’Occident s’est détourné de l’Afrique après la fin de la guerre froide, la Chine est restée présente, tendant la main à un moment où l’aide se faisait rare. Elle est ainsi devenue un partenaire fiable, traitant avec égalité et pragmatisme les peuples africains.
L’une des réalisations les plus marquantes de cette coopération est l’essor spectaculaire des infrastructures africaines. La Chine a contribué à la construction de plus de 100 000 kilomètres de routes et 6 000 kilomètres de voies ferrées, en plus de dizaines d’aéroports et de ports. Ces projets ont transformé le visage des villes et des villages africains, facilité le commerce et les déplacements, et amélioré l’efficacité des chaînes d’approvisionnement.
Dans le secteur énergétique, la Chine a fortement soutenu la construction des plus grands barrages hydroélectriques du continent, tels que les barrages de Caculo Cabaça et Lauca en Angola, celui de Koysha en Éthiopie, le barrage Nyerere en Tanzanie, ainsi que celui de Mambilla au Nigeria, en plus de projets majeurs en Zambie, au Zimbabwe et en République démocratique du Congo. Ces réalisations ont permis de réduire le déficit énergétique et de stimuler la croissance industrielle.
La Chine a investi environ 170 milliards de dollars en Afrique au cours du dernier quart de siècle, destinés à des projets de développement dans les domaines des routes, des ports, de l’énergie, de l’agriculture et du logement. Lors du sommet de 2024, un nouveau paquet de financement de 50 milliards de dollars a été annoncé pour soutenir la dynamique de développement du continent au cours des trois prochaines années, avec une attention particulière portée aux industries agroalimentaires et à la formation professionnelle.
Mais la Chine ne s’est pas contentée de construire des routes et des usines ; elle a également œuvré au transfert de savoir-faire et de technologie, notamment dans les domaines de l’agriculture, des énergies renouvelables et des télécommunications. Elle a mis en place des centres de formation technique, encouragé les partenariats universitaires, et participé au développement de l’infrastructure numérique à travers les réseaux 4G, 5G et les centres de données modernes. Elle a aussi soutenu les start-ups, renforçant ainsi l’environnement de l’innovation et de l’entrepreneuriat dans plusieurs pays africains.
L’éducation a occupé une place centrale dans l’agenda chinois, avec des milliers de bourses accordées aux étudiants africains, la création de centres de formation professionnelle, et plus de 60 instituts Confucius pour l’enseignement de la langue et de la culture chinoises, contribuant à renforcer la compréhension entre les peuples. Des programmes de formation ont également été mis en place à destination des responsables et experts de divers secteurs, parallèlement à des partenariats académiques entre universités chinoises et africaines.
Le secteur de la santé a connu une évolution notable grâce à la construction d’hôpitaux modernes dans des pays comme le Bénin, le Niger et la République centrafricaine, ainsi qu’à l’envoi de missions médicales chinoises qui ont fourni des soins à des millions de citoyens africains. La Chine a également aidé à créer des centres de lutte contre les épidémies, dont le plus important est le Centre africain de contrôle des maladies à Addis-Abeba, renforçant ainsi la capacité du continent à faire face aux défis sanitaires.
Le volume des échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique est passé de 10 milliards de dollars en 2000 à plus de 295 milliards en 2024, faisant de la Chine le premier partenaire commercial du continent. La Chine importe des matières premières et des produits agricoles africains, tandis qu’elle exporte des équipements et des produits industriels. Elle a aussi supprimé les droits de douane sur les importations provenant de 33 pays africains les moins avancés, favorisant ainsi les exportations africaines vers le marché chinois.
Le Forum sur la coopération sino-africaine n’est pas qu’un simple cadre économique ou commercial : c’est une vision stratégique pour construire un avenir commun. La Chine considère l’Afrique comme un partenaire égal, non comme un terrain de rivalité géopolitique ou un marché de profits rapides. Cette approche, qui allie intérêt et solidarité, a fait du FOCAC un jalon marquant dans l’histoire des relations internationales et un modèle de coopération Sud-Sud à suivre dans un monde en pleine mutation.