Après sa visite en Algérie, la Rapporteuse spéciale de l’ONU exprime son mécontentement face à la persistance du régime algérien à arrêter et criminaliser les défenseurs des droits de l’Homme
Après sa visite en Algérie, la Rapporteuse spéciale de l’ONU exprime son mécontentement face à la persistance du régime algérien à arrêter et criminaliser les défenseurs des droits de l’Homme
ALDAR/
La Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la situation des défenseurs des droits de l’Homme à Genève a exprimé sa profonde inquiétude face à la poursuite des restrictions et des arrestations visant les militants des droits de l’Homme en Algérie en raison de leurs activités pacifiques.
Dans un communiqué publié le 30 janvier, Mary Lawlor, Rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l’Homme, a déclaré : « Plus d’un an après ma visite en Algérie fin 2023, je suis profondément déçue de constater que de nombreux militants, y compris certaines personnes que j’ai rencontrées, continuent de faire face à des arrestations arbitraires, des poursuites judiciaires, des intimidations et une criminalisation de leur travail pacifique, sur la base de lois vagues liées à la sécurité nationale. »
Mme Lawlor a mis en lumière le cas du journaliste et militant des droits de l’Homme Merzoug Touati, qui fait face à des procès répétés depuis des années sur la base d’accusations qu’elle a qualifiées de « fallacieuses ». Elle a rappelé qu’il avait été arrêté à trois reprises depuis 2024, et que, lors de sa dernière arrestation en août de la même année, sa famille aurait été maltraitée. Des rapports indiquent également qu’il aurait été soumis à la torture physique et psychologique durant sa détention, qui a duré cinq jours.
La Rapporteuse spéciale a également souligné d’autres cas préoccupants, notamment l’arrestation de trois avocats défenseurs des droits de l’Homme et d’un jeune militant entre février et juillet 2024. Parmi eux, Tewfik Belala a été interrogé à trois reprises avant d’être accusé de « diffusion de fausses informations portant atteinte à la sécurité nationale », puis libéré sous contrôle judiciaire. De son côté, l’avocat Sofiane Ouali a été victime d’une descente musclée de la police en juillet 2024. Il a été arrêté et détenu avec 14 autres personnes, dont le jeune militant Youba Mengli.
Mme Lawlor a dénoncé l’utilisation par les autorités algériennes de dispositions juridiques ambiguës, comme l’article 87 bis du Code pénal, censé lutter contre le terrorisme mais qui est, selon elle, détourné pour réprimer la liberté d’expression et de réunion pacifique.
Dans le même contexte, elle a mis en avant les pressions exercées sur les organisations de la société civile, notamment le « Rassemblement des familles des disparus ». Selon elle, les autorités algériennes ont empêché ce collectif d’organiser plusieurs événements cette année en imposant un dispositif de sécurité autour de son siège à Alger. Elle a également signalé que certains de ses membres, y compris des mères de victimes de disparition forcée, avaient subi du harcèlement de la part des forces de sécurité.
En conclusion, la Rapporteuse spéciale a affirmé avoir rencontré personnellement de nombreux militants lors de sa visite et insisté sur le fait qu’ils exerçaient tous leurs activités de manière pacifique. Elle a appelé les autorités algériennes à respecter leurs engagements internationaux en matière de droits de l’Homme et a précisé qu’elle poursuivrait son dialogue avec le gouvernement algérien à ce sujet.