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Colloque international à Rabat sur « l’invention des écritures et l’état du narratif en langues africaines »

Les travaux du colloque sur « l’invention des écritures et l’état narratif en langues africaines » se sont ouverts, mercredi, au siège de l’Académie du Royaume du Maroc à Rabat, et ce dans le cadre des activités de la Chaire des littératures et des arts africains.

Ce colloque, qui se poursuit jusqu’au 20 janvier, vient explorer l’état du narratif en Afrique à travers les anciennes et nouvelles langues africaines prises comme différentes options pour traduire une pensée, une résistance et une expérience communautaire.

Dans une allocution de circonstance, le secrétaire perpétuel de l’Académie du Royaume, Abdeljalil Lahjoumri a souligné les principaux objectifs de ce colloque et son importance sur le plan africain. Soulignant “l’extraordinaire diversité” linguistique en Afrique, il a évoqué la nécessité de promouvoir les arts et la littérature sur le continent africain et d’analyser les modes de fonctionnement des langues africaines et la manière avec laquelle le système éducatif accompagne ou non leur distribution et leur standardisation.

“Nos langues sont de robustes véhicules qui ont toutefois besoin, dans l’environnement soumis à toutes les fièvres compétitives et au brouhaha des affrontements du monde, de prendre langues avec les autres, de sympathiser avec les autres et de participer au rendez-vous de l’universelle contribution de chaque langue aux sagesses du monde”, a martelé M. Lahjoumri.

Pour sa part, le Sultan du Bamoun, Mbiére Mfon Pamum Mouhammad-Nabil Mforifoum Mbombo Njoya est revenu sur l’importance de cette rencontre pour diffuser la culture africaine et promouvoir sa diversité linguistique.

“Il s’agit d’explorer plusieurs formes de cultures en Afrique et de les mettre en perspective selon différentes approches”, a souligné le Sultan du Bamoun, évoquant l’histoire derrière l’invention de la langue « Shü-mom » et de l’alphabet “a ka u ku” par son grand-père, feu Ibrahim Mbombo Njoya, 17-ème roi de la dynastie Njoya, au XIX-ème siècle au Cameroun.

De son côté, le directeur des affaires culturelles du Royaume des Bamoun au Cameroun, Oumarou Nchare a passé en revue, dans sa présentation intitulée « Si le Royaume Bamoun m’était conté », l’histoire de la dynastie Bamoun, les valeurs traditionnelles de sa population ainsi que la richesse et la diversité de sa culture.

M. Nchare a, dans ce sens, mis l’accent sur le « Nguon », fête culturelle traditionnelle des Bamouns, au cours de laquelle la population présentait à la fin de chaque année son tribut à la cour du Roi, qui procédait, de son côté, à une redistribution équitable afin lutter contre la famine au sein du Royaume, ajoutant que « cet événement, qui représentait une sorte de démocratie africaine, permettait également aux représentants du peuple d’émettre leurs idées et d’exposer leurs problèmes librement au Roi ».

Dans sa communication sous le thème « Ibrahim Njoya: le sultan inventeur », le responsable de la communication régionale au Cameroun, Mohamed Azize Mbohou, s’est intéressé, quant à lui, à la bibliographie du Roi Njoya, 17ème Roi de la dynastie Bamoun, à la singularité de son règne ainsi qu’à l’immensité et la densité de sa pensée et de ses oeuvres.

« Ce monarque a tiré parti, à bon escient, de ses innombrables talents, de son imagination et son ingéniosité, notamment, pour inventer une religion syncrétique, créer une langue aristocratique qui se parle encore aujourd’hui, construire un palais majestueux et rédiger une législation endogène », a-t-il souligné, relevant que « pour les historiens, le règne de Njoya, fils du Roi Nsangou, est celui qui a véritablement conduit le peuple Bamoun vers son apogée ».

Il est question, à travers les différentes interventions qui figurent au programme du colloque, de replacer l’inventivité linguistique africaine, à travers quelques figures, langues connues et nouvelles, dans un récit continental relié à l’aventure universelle des idées.

Ce conclave connait la participation de plusieurs experts, chercheurs, historiens et professeurs, venus de plusieurs pays comme les Etats Unis, le Sénégal, le Nigéria, le Burkina Faso, la Guinée, le Bénin et Haïti.

L’académie du Royaume du Maroc, en tant qu’institution scientifique, nationale, supérieure, de référence, est chargée de contribuer au progrès intellectuel, scientifique et culturelle du Royaume, et ce à travers la création notamment de chaires scientifiques spécialisées dans l’étude des questions culturelles et intellectuelles, tout en veillant à l’organisation de leurs activités.

La chaire des lettres africaines, lancée officiellement le 16 mai 2022, a, quant à elle, pour ambition le décloisonnement, la valorisation et la circulation du patrimoine culturel africain, en Afrique. De nombreuses activités académiques, littéraires et artistiques sont prévues dans le programme de la Chaire.

aldar : LA MAP

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