L’Allemagne, première économie de la zone euro, a enregistré sur l’ensemble de l’année 2022 un taux d’inflation moyen de 7,9%, inédit en 70 ans, un contexte poussant la Banque centrale européenne à poursuivre les hausses de taux, selon un haut responsable.
« Le taux d’inflation annuel historiquement élevé » depuis la création de l’Etat allemand après la Deuxième guerre mondiale est « principalement dû aux hausses extrêmes des prix des produits énergétiques et alimentaires depuis le début de la guerre en Ukraine », a expliqué mardi la présidente de l’institut Destatis, Ruth Brand, dans un communiqué.
C’est beaucoup plus qu’en France par exemple où l’inflation a progressé de 5,2% en moyenne en 2022.
La hausse des prix avait atteint un pic à 10,4% en glissement annuel en octobre, selon les normes allemandes.
Le déblocage par Berlin de 200 milliards d’euros pour plafonner les prix de l’énergie a fait depuis son effet, décembre marquant un deuxième mois de recul d’affilée de l’inflation, à 8,6% sur un an, selon Destatis mardi.
Les aides du gouvernement ont permis de faire baisser les prix du gaz (-39,1%) et des carburants (-8,9%) par rapport à novembre. Toutefois, l’électricité ( 0,4%) et la nourriture ( 0,8%) ont légèrement augmenté.
La hausse de l’indice des prix harmonisé, qui sert de référence pour la BCE, reflue également en décembre, à 9,6% sur un an, a confirmé Destatis.
Le taux d’inflation sur un an de la zone euro a aussi de nouveau reculé en décembre, à 9,2%, mais il se situe encore bien au-delà de l’objectif de 2% visé à terme par la BCE.
« Nous devons augmenter davantage les taux », a réaffirmé le chef économiste de l’institut monétaire Philip Lane dans une interview publiée mardi par le Financial Times.
Jusqu’où devra monter le coût du crédit pour que l’inflation baisse assez ? Cela dépendra des « retours d’expérience » au cours des mois à venir en particulier sur la consommation et l’investissement en zone euro, selon M. Lane.
Les taux directeurs de la BCE ont été relevés de 2,5 points de pourcentage depuis juillet et l’institut va très certainement les relever de nouveau en févier et probablement en mars, a anticipé en décembre la présidente Christine Lagarde.
Or il y a eu depuis « de fortes baisses des prix de l’énergie » et ce « en grande partie (grâce) au temps doux de ces dernières semaines », note M. Lane.
Le banquier central irlandais en tire la conclusion que les banquiers centraux en zone euro doivent « rester ouverts quant à la direction que doivent prendre les taux d’intérêt. »
ALdar : LA MAP