L’heure de vérité a sonné pour que les alliés puissent exprimer la plénitude de leur solidarité, suite à la reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur le Sahara, souligne, samedi, le politologue Mustapha Tossa.
“L’enjeu là aussi est d’accélérer la dynamique de reconnaissance pour clore le chapitre des zones grises et des hésitations opportunes », estime M. Tossa dans un article publié sur le site « Atlasinfo » sous le titre « Sahara, la bataille diplomatique commence ».
A ses yeux, « ces offensives diplomatiques marocains tous azimuts à l’encontre du monde arabe, de l’Afrique et de l’Europe auront pour impact majeur de renforcer l’isolement du premier et unique parrain des séparatistes du Polisario, l’Algérie ».
Selon lui, si les Marocains ont vu dans la décision américaine de reconnaître la marocanité du Sahara, qui continue de provoquer de grandes réverbérations dans la plupart des forums internationaux, une « éclatante illustration de leur diplomatie offensive inspirée par une indestructible conviction de la défense de leurs droits », la bataille d’inscrire cette victoire dans le marbre ne fait que commencer.
Pour M. Tossa, un des champs de cette ultime bataille diplomatique marocaine à venir est « incontestablement le théâtre européen », relevant que s’il « est vrai que la plupart des pays de cette région regardaient avec bienveillance l’option d’autonomie proposée par le Maroc », « le tournant » américain leur a donné un coup de vieux les plaçant automatiquement dans un anachronisme politique difficile à gérer.
Pour des pays proches comme l’Espagne ou la France, dont le destin avec le Royaume est imbriqué dans son histoire et sa géographie, la décision américaine a agi comme un « révélateur d’une position contraignante », relève-t-il.
Selon lui, « Paris et Madrid qui manifestaient leur perception de ce conflit sous le parapluie de négociations onusiennes ne semblent plus en mesure de tenir cette approche à l’égard du Maroc au risque d’apparaître largement en retrait à l’égard de ce conflit ».
« L’ambiguïté de leurs positions est de mise et risque d’apparaître en comparaison de l’évolution de ce dossier comme une posture inamicale », affirme-t-il.
Et d’ajouter qu’au lendemain de l’annonce américaine, Paris a dit son impatience de voir ce conflit artificiellement entretenu durer autant de décennies et être source d’inquiétudes pour la paix régionale, faisant observer que la diplomatie française « devrait par conséquence s’investir dans la solution de cette crise de manière à convaincre l’ensemble des protagonistes d’accepter la solution de l’autonomie ».
La stratégie marocaine à venir, estime M. Tossa, consistera à porter le fer de la persuasion au cœur de l’appareil diplomatique européen pour l’amener à reconnaître ouvertement la marocanité du Sahara, ajoutant qu’il s’agit de « porter un coup de grâce à tous les bastions qui manifestent encore la moindre empathie à l’égard de l’aventure séparatiste ».
Il s’agit aux yeux de M. Tossa d’une entreprise post succès américain qui nécessite diligence et tact, d’autant plus que l’enjeu essentiel consiste à « capitaliser sur la décision de Washington et faire en sorte de la dupliquer le maximum de fois ».
Deux atouts incontournables vont faire chair dans tout argumentaire, relève-t-il. Le premier touche à l’attrait économique que représente cette région une fois pacifiée et reconnue dans sa pleine marocanité, le second a un rapport avec les « angoisses sécuritaires que représente cette région où pullulent des bandes armées en dehors de tout contrôle ».
Et de poursuivre qu’à l’égard du monde arabe, la démarche ne devrait pas être différente, mais avec un atout supplémentaire, celui des liens forts qui unissent le Maroc à son entourage arabe.
Relevant que « l’heure de vérité a sonné pour que les alliés puissent exprimer la plénitude de leur solidarité », le politologue estime que le « délire obsessionnel qui s’est emparé d’Alger après l’annonce américaine révèle l’ampleur du choc politique reçu face à cette performance de la diplomatie marocaine », comme en témoigne « l’effervescence de sa presse et d’une partie de sa classe politique pilotée par le vieux logiciel anti-Maroc qui a distingué son action depuis des décennies ».
Pour lui, il est « clair aujourd’hui que le chapitre des négociations politiques autour du devenir du Sahara marocain est politiquement clos ».
Et de conclure que les mots «référendum» et «indépendance» ont depuis longtemps disparu du lexique des négociateurs de l’ONU, car il s’agit aujourd’hui, selon M. Tossa, de « fixer le cadre de l’autonomie proposée par le Maroc et de faire en sorte de l’inscrire dans l’arsenal juridique international ».