La Chine vit ces dernières semaines au rythme d’une envolée des infections au Covid-19, remettant en cause l’approche dite de « tolérance zéro » érigée en véritable muraille contre une pandémie têtue.
Depuis le début du mois de mars, le pays a enregistré plus de 45.000 infections. Quoique présentées comme bénignes par les autorités, ces transmissions ont envoyé des ondes de choc à travers le pays, suscitant des craintes quant à un éventuel retour d’une pandémie qui risque de torpiller les gains réalisés sur les plans sanitaire et économique.
Dès le début de la nouvelle vague, les autorités, convaincues que la victoire vient avec la persévérance, n’ont pas hésité à prendre des mesures drastiques mais jugées nécessaires pour contenir la propagation.
Des villes entières ont été confinées, des quartiers résidentiels scellés et des opérations de dépistage à grande échelle lancées à travers le pays sans oublier les stricts contrôles imposés aux déplacements entre communautés, villes et provinces. Tout cela pour détecter les cas et encercler le virus malin afin d’empêcher une propagation rapide qui pourrait échapper au contrôle parmi une vaste population de plus de 1,4 milliard d’âmes.
Des chiffres publiés jeudi par la Commission nationale de la santé indiquent que le pays a enregistré mercredi 2.010 nouvelles infections contre 2.591 mardi. La majorité des nouvelles transmissions, soit 1.810, ont été comptabilisées dans la province de Jilin (nord-est). Aucun cas de décès n’a été rapporté depuis la semaine dernière quand la Chine a ajouté deux morts dus au Covid-19, les premiers depuis plus d’un an.
Ces chiffres ont repoussé au-devant du débat la pertinence de la stratégie tolérance zéro. Les médias du pays se sont mobilisés pour contrer ce qu’ils qualifient d’attaques médiatiques occidentales critiquant cette politique et la présentant comme « un choix d’isolement » au coût élevé pour l’Empire du Milieu.
Dans le contexte actuel de crise en Ukraine, la pandémie du Coronavirus semble s’inscrire dans cette confrontation, par médias interposés, entre l’Occident et la Chine, estiment les analystes.
Glorifiant les grandes réussites de la politique anti-covid19 et l’unanimité de l’opinion publique nationale autour de cette question, les médias chinois tentent tant bien que mal de mettre en valeur les virtus de la stratégie gouvernementale face aux « échecs » de l’Occident dans la gestion de la pandémie.
Au plus haut niveau de l’État, le Président Xi Jinping a donné le ton, ordonnant la poursuite de la politique « tolérance zéro ».
« Nous devons toujours mettre au premier plan les gens et leur vie, nous en tenir à la politique du zéro Covid, et enrayer au plus vite la propagation de l’épidémie », a dit Xi dont les propos ont été largement relayés par les médias.
La direction du pays a suivi. Pour calmer les esprits, les hauts dirigeants chinois ont multiplié les messages que « tout sera mis en œuvre avec le souci de réaliser les meilleurs résultats pour contrôler la pandémie et minimiser son impact sur le développement économique et social du pays ».
Il s’agit, selon la rhétorique médiatique, de prendre des mesures anti-pandémiques « scientifiques et précises » afin d’aider la Chine à trouver l’équilibre entre contrôle de la pandémie et développement économique et social.
Certains experts estiment que la menace à l’économie chinoise ne vient pas de la pandémie mais bel et bien du conflit en Ukraine.
« La Chine ne restera pas à l’écart des turbulences causées par le conflit en Ukraine », indique Su Qingyi, chercheur à l’Académie chinoise des sciences sociales.
Les fluctuations qui affecteront les chaines d’approvisionnement dans le sillage de ce conflit seront ressenties durement en Chine, indique-t-il.
D’autres analystes s’interrogent si, dans l’état actuel des choses, la Chine sera capable de réaliser les 5,5 pc de croissance de son Produit Intérieur Brut, que le gouvernemental central s’est fixé comme objectif pour l’année 2022, lors de la dernière session de l’organe législatif suprême du pays, tenue récemment à Beijing.
La nature hautement contagieuse d’Omicron semble donner raison aux responsables chinois qui insistent sur la discipline pour la réussite de leur politique anti-pandémique.
La preuve de cette rigueur a été donnée quand des dizaines de responsables municipaux et sécuritaires ont été sanctionnés récemment par le gouvernement pour « manquement à leur devoir » face à l’actuelle poussée du virus.
Il s’agit, d’après les dirigeants chinois, d’une stratégie qui correspond parfaitement à la réalité du pays et qui ne sera jamais abandonnée sous aucun prétexte jusqu’à la victoire contre un virus qui semble toujours insaisissable.